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Les Parisiennes, de leur côté, ne visitent presque jamais la province, et cela par la même cause. Voyons pourtant combien d’avantages réels produiraient à la société ces courts voyages.

Les femmes sentent qu’une ère nouvelle commence pour elles, et qu’elles aussi sont appelées, pour leur part, à entrer dans le sanctuaire de l’instruction. Le plus grand malheur des femmes aisées provient de leur oisiveté, ou de ce qu’avec leur mauvaise éducation elles ne peuvent que se créer des occupations frivoles et de peu de durée. Combien gagneraient-elles donc en faisant souvent des voyages agréables et instructifs ! Les femmes de Paris ne seraient plus sans aucune connaissance de leur propre pays, comme elles le sont presque toutes ; elles trouveraient et pourraient s’approprier, dans l’intérieur de la vie des femmes de province, des vertus qu’elles négligent un peu trop dans leur ville, par exemple, l’économie domestique, le bon-sens et la franchise qui distinguent les femmes de province. Cette observation les porterait à réfléchir sérieusement sur la légèreté et l’incroyable frivolité d’un grand nombre de Parisiennes. Les femmes de province, de leur côté, retourneraient chez elles avec une instruction plus finie, plus aimable, et surtout plus avancée dans le progrès. Les villages donneraient la pureté de leurs mœurs aux grandes villes, et celles-ci donneraient, en échange, leur civilisation ; enfin, il résulterait de ces voyages multipliés un avantage immense, un progrès sensible, qui se feraient sentir également dans toutes les classes de la société.

Il est inutile de parler des femmes qui feraient des voyages dans des pays étrangers ; car les avantages que nous venons de signaler se rencontreraient encore bien mieux sur une échelle beaucoup plus grande. Grâce à Dieu, nous sommes déjà tous Français, sans acception de provinces ; et ces voyages, cette hospitalité réciproque, rapprocheraient de beaucoup le jour tant désiré où nous serons tous hommes, frères, sans nous distinguer par les noms d’Anglais, d’Allemands, Français, etc. Mais lorsqu’un mal est reconnu, lorsque nous y avons trouvé un remède, il faut chercher les moyens de l’appliquer, et c’est dans ce but que nous venons proposer notre société.

Suivons d’abord l’histoire, et nous verrons qu’à chaque époque où une partie de la société souffrait et sentait le besoin d’un