Page:Tristan - Nécessité de faire un bon accueil aux femmes étrangères, 1835.pdf/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 14 —

et l’empire, parcoururent toutes les contrées, établirent des relations intimes partout, et apprirent aux peuples à se connaître, à ne plus se mépriser comme par le passé et à profiter de leurs connaissances réciproques. Nous voyons à présent l’Anglais ne plus dédaigner ce qui provient du continent ; l’Italien ne regarde plus avec mépris la science qui s’élabore au delà de ses Alpes ; et le Français aussi, que des circonstances heureuses ont poussé le premier dans le progrès, comprend sa mission de propager la civilisation dans l’univers. Voyez quels avantages en ont retirés le commerce, les sciences, les arts, l’industrie ; la vérité n’est plus le patrimoine exclusif du peuple qui la découvre, mais elle est publiée, propagée. Les nations rivalisent dans un noble but, et des chemins de fer, des canaux, des ponts suspendus se construisent partout. Nos voisins d’outre-mer ont fait des progrès immenses dans la construction des machines, mais nous les suivons du même pas, car des relations intimes sont établies entre les deux nations. On étudie les langues étrangères, et les ouvrages sont immédiatement traduits de nation à nation, pour répandre les lumières du génie sur tous les pays.

Mais il serait trop long de vouloir énumérer ici tous les avantages que procurent les voyages, en entretenant des relations continuelles entre les nations, et en hâtant le moment où tant de nations rivales arriveront à n’être plus qu’une seule famille.

Les femmes sont aussi une partie active dans les voyages, et si elles ne peuvent pas, autant que les hommes, être utiles à la science, c’est du côté des mœurs que leur esprit d’observation rend leur utilité prépondérante. Mais que faisons-nous pour les attirer ou pour les retenir dans notre ville ? Il résulte du tableau que nous venons de tracer que les femmes de la province et les étrangères, certes, n’iront pas encourager leurs amies, ni leurs compatriotes, à entreprendre un voyage qui, pour leur propre compte, les a fait tant souffrir. Cela est un fait que nous avons constaté nous-même, que beaucoup de femmes, qui étaient venues dans l’intention de faire un long séjour à Paris, en sont reparties au bout d’un mois, sans avoir rien vu, rien appris, dégoûtées de l’isolement de cette grande ville, et maudissant le jour où elles avaient laissé leur chez elle si confortable.