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ta bouche a-t-elle oublié quelle voix il faut faire entendre pour que les Pharaons pâlissent ?

Seigneur, sauve tes enfants qui périssent, pour que nous puissions, à notre tour, chanter gloire au Père.

Le Fils, c’est le Dieu pauvre, le Dieu peuple, le Dieu crucifié qui a pardonné à ses bourreaux et dont la mort n’a pas encore été expiée ; car ses bourreaux sont toujours les mêmes.

Ô Christ ! n’as-tu donc pas assez souffert ? Tu vois bien que la résignation les excite et que ton silence les encourage.

N’est il pas temps maintenant, agneau tant de fois égorgé et dont la chair a servi à tant d’orgies, n’est-il pas temps de te transfigurer, de faire entendre les rugissements du lion de la tribu de Juda et de sortir de ta tombe, monté sur ce coursier terrible que vit l’apôtre dans sa vision, et de moissonner la terre avec ce glaive à deux tranchants que la parole égalitaire a fait sortir de ta bouche ?

Maître, est-ce que tu inviteras bientôt les aigles et les vautours au grand festin que tu leur prépares ?

Les raisins sont-ils mûrs ? Quand vas-tu commencer la moisson ?

Oh ! lorsque tu sortiras du pressoir avec ta