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ACC ACC

AcCOTAR. subst. masc. Terme de Marine, est une pièce de bordage que l’on endente entre les membres du vaisseau, pour empêcher l’eau de tomber entre les membres, ou entre les pièces qui le composent.

ACCOUCHEMENT. s. f. Enfantement, délivrance d’une femme grosse. Partus, puerperium, partio. Les travaux de l’accouchement sont une des peines du péché originel. Voyez Mauriceau sur cette matière. Il y a un traité Latin du terme de l’accouchement des femmes, par Peysonnel, à Lyon, in-8°. Il entreprend de concilier toutes les contradictions apparentes d’Hippocrate sur ce sujet. Il prétend que le terme le plus court de l’accouchement naturel, suivant le sentiment d’Hipocrate, est de 182 jours, ou de six mois entiers & complets, & le plus long de 280 jours, ou de neuf mois entiers & 10 jours, & que les enfans qui viennent avant ou après ce terme, ne vivent point, ou ne sont pas légitimes. Cette opinion est contraire à la Loi, qui déclare qu’un enfant peut naître onze mois après la mort de son pere. Peysonnel répond que cette Loi doit s’entendre d’onze mois, en comptant la fin du premier mois & le commencement de l’onzième, & non pas d’onze mois entiers & accomplis. Bartholin a fait un Livre des conduits extraordinaires par où sort le fœtus ; il rapporte différens exemples d’accouchemens fort extraordinaires. Il y en a où le fœtus est sorti par la bouche ; il y en a où il est sorti par l’anus. Voyez Salmuthus, obs. 94. cent. 3. Le Journal des Savans d’Allemagne, sur l’observation 108. de l’année 1670. Degori, Diction. medical.

On le dit quelquefois figurément des productions de l’esprit. Partus, fœtus ingenii. Socrate disoit, qu’il faisoit l’office de Sage-femme, & qu’il aidoit à l’accouchement des esprits. On dit proverbialement ; Après avoir long-temps attendu l’accouchement des montagnes, il n’en est sorti qu’une souris.

AcCOUCHER. v. n. Enfanter, mettre un enfant au monde. Parere, eniti. Il régit l’ablatif. Cette femme est accouchée d’un beau garçon. Elle est accouchée d’un faux germe, ou avant terme. Cette femme étoit accouchée quand la sage-femme arriva. On ne dit point elle a, elle avoit accouché. La Fable raconte que Jupiter accoucha de Minerve. La même nuit qu’Olympias accoucha d’Alexandre, le Temple d’Ephèse fut réduit en cendres. Cet homme, à cela près qu’il n’accouche pas, est la femme, & elle le mari. La Bruy. Il est quelquefois actif, & signifie, Aider à une femme à se délivrer de son enfant. Adesse parturienti. Les Chirurgiens savent mieux accoucher les femmes que les Matrônes. Cette femme s’accoucha elle-même.

Accoucher, se dit figurément des productions de l’esprit. Edere. C’est un bel esprit, qui conçoit, qui invente facilement ; mais qui accouche, ou enfante avec peine, c’est-à-dire, qu’il s’explique avec difficulté.

Le sort de ce sonnet a droit de vous toucher,
Car c’est dans votre cour que j’en viens d’accoucher.

Mol.

Accouchée. s. f. Femme qui se tient quelque temps au lit, pour se remettre des douleurs de l’enfantement. Puerpera. On fait des visites en cérémonie aux femmes accouchées. Vous êtes parée comme une accouchée. En l’Amérique il y a des Peuples où les maris font les accouchés à la place de leurs femmes. Herrera. Lorsque les femmes accouchoient dans le Bearn, les maris se mettoient au lit, & les envoyoient à la charrue. Scalig. in verbo Bearn. fol. 49. & Scaligerian. de Roch.

Il y en a aussi dans les Antilles, & même dans les Indes orientales, & à la Chine vers l’île de Formosa, qui font la même chose, comme on le voit dans le Recueil de Thévenot.

Au Pérou les femmes accouchées ne gardent point le lit ; mais après s’être lavées, elles se remettent à faire leur ménage ; & si quelque femme les assistoit en leur accouchement, elle passeroit plutôt pour sorcière que pour Sage-femme. Voyez l’Histoire des Incas. Varron, l. 11. de Re Rust. raconte que les femmes d’Illyrie portoient leurs enfans par-tout, après être accouchées, & ne demeuroient pas un moment au lit pour cela. de Roch.

On appelle proverbialement, les caquèts de l’accouchée, les discours frivoles & de peu d’importance des femmes qui visitent celles qui sont en couche. On dit aussi, tant d’un homme que d’une femme, qu’ils font l’accouchée, quand ils se tiennent au lit par molesse, & sans nécessité.

AcCOUCHEUR. s. m. Qui aide aux femmes à se délivrer. Adjutor partûs. Maintenant les Chirurgiens accoucheurs sont fort en vogue. Autrefois on ne se servoit que de Sage-femmes ou de Matrones pour accoucheuses.

ACCOUCHEUSE. s. f. Femme qui aide à accoucher. Obstetrix. Habile accoucheuse. On dit plutôt Sage-femme. Acad. Fr.

Ces mots viennent du Latin accubare.

ACCOUDER. v. n. S’appuyer sur le coude, Inniti cubito. Tristement accoudé contre une cheminée. S. Am. Il se dit plus souvent avec le pronom personnel. On met au rang des incivilités de s’accouder sur la table ; de s’accouder devant ses supérieurs. On ne


s’en sert guère que dans le discours familier. On conj. je m’accoude ; je m’accoudai ; je m’accouderai.

ACCOUDOIR. s. m. Chose destinée pour s’accouder ; ce que l’on met sous les coudes pour s’appuyer en avant. Cubiti fulmensum. En termes d’Architecture, c’est la même chose qu’appui. C’est le petit mur qui est élevé entre les deux pieds-droits d’une croisée. On appelle accoudoir, l’endroit inférieur de l’ouverture d’une fenêtre, sur lequel on s’appuie, on s’accoude. L’accoudoir d’une fenêtre doit aller seulement à la hauteur de la ceinture. Vitruve appelle un accoudoir, Pluteus, qui signifie un appui ou parapet. Il se sert aussi du mot Podium, qui est un balcon, ou saillie. On dit populairement & ironiquement à une personne qui en incommode une autre en s’appuyant sur elle, allez chercher plus loin des accoudoirs.

Ces mots viennent du François coude, qui s’est formé du Latin cubitus.

ACCOUPLAGE. s. m. Voyez ACCOUPLEMENT ; c’est le même, & il est le meilleur. Accouplage ne se dit que par le Peuple.

AcCOUPLE. s. f. Liens dont on attache les chiens ensemble. Copula.

AcCOUPLEMENT, s. m. Assemblage, jonction du mâle & de la femelle pour la génération. Copulatio. Le Peuple croit que l’antechrist naîtra d’un accouplement sacrilége & incestueux. On croit que la cause des monstres d’Afrique vient de l’accouplement qui s’y fait des animaux de différentes espèces. On ne le dit en parlant des hommes, qu’en l’adoucissant par une épithète qui sert de correctif : c’est un heureux accouplement. Il est plus propre en poësie.

Tu menois le blond Hymenée,
Qui devoit solennellement,
De ce fatal accouplement
Célébrer l’heureuse journée. Malh.

Accouplement, se dit aussi des bœufs qu’on attache ensemble sous le même joug. Jugum.

ACCOUPLER. v. act. Associer, attacher, joindre ensemble deux choses de pareille nature. Copulare. On conj. Je m’accouplai, je me suis accouplé. Ces personnes sont mal accouplées ; leurs humeurs ne compatissent point. Il étoit défendu par la Loi de Moyse d’accoupler un bœuf & un âne pour labourer. On s’en sert dans un mauvais sens, & d’un ton railleur. C’est un Mercure de profession, qui sçait accoupler les amans avec leurs belles qui ne sont pas inhumaines. Comb.

On le dit aussi du menu linge qu’on attache ensemble avec du fil pour en faire des paquets, de peur qu’il ne s’égare, quand on le donne à blanchir.

Accoupler, se dit encore des oiseaux, des animaux qui se joignent, qui s’apparient pour perpétuer l’espèce. Les pigeons s’accouplent au mois de Mars & de Septembre. Ce pigeon cherche avec qui s’accoupler. Le temps d’accoupler les serins arrive ordinairement à la fin de Mars. Vous prendrez pour cet effet une cage neuve ou fort propre, afin qu’il n’y ait point de mittes. Hervieux. Il y a des serins si mauvais qu’ils tuent les femelles qu’on leur donne pour couver. Il faut leur donner des femelles bien fortes, & qui soient, si faire se peut, d’un an plus vieilles que ce mauvais mâle, & accoutumées à demeurer ensemble. J’ai enseigné cette manière d’accoupler les mauvais serins à quelques-uns qui m’ont avoué qu’ils avoient réussi. Id.

ACCOUPLÉ, ée, part. pass. & adj. Copulatus. On appelle, en tèrmes d’Architecture, colonnes accouplées, les colonnes qui sont deux à deux, & qui se touchent presque par leurs chapitaux, & par leurs bases. Il y a aussi des pilastres accouplés.

AcCOURCIR, v. act. Rogner, retrancher, rendre plus court. Curtare, resecare.. On conj. J’accourcis. Il faut accourcir ce manteau, en rogner un doigt. Il faut accourcir ce livre, en retrancher la moitié. Il faut accourcir les étriers d’un point, resserrer l’estrivière. On dit aussi accourcir, en parlant d’un discours ; c’est-à-dire, l’abréger. Contrahere, coarctare.

On dit aussi, Accourcir le chemin, quand on prend quelque faux-fuyant qui abrége le chemin, qui le rend plus court. Uti vià compendiariâ. On dit aussi, que les jours accourcissent, quand le soleil a passé le solstice d’été, quand les jours deviennent plus courts. Decrescunt dies.

Accourci, ie. part. & adj. Contractus, decurtatus, comme son vèrbe.

ACCOURCISSEMENT. s. m. Ce qui accourcit, ce qui abrége. Contractio. Le passage qu’on a ouvert par ce parc, sert beaucoup à l’accourcissement du chemin. Viæ compendium.

ACCOURIR, verb. neut. Venir promptement, & en hâte en quelque lieu ; soit qu’on nous y appelle ; soit que notre passion nous y porte. Accurrere, advolare. On conj. J’accours, j’accourois, j’accourus. Je suis accouru, j’accourrai, &c. L’armée est


Tome I. F ij accouruë