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ACC ACC

Par Accident, manière de parler adverbiale. Fortuitò. Elle marque une chose arrivée par malheur, ou un évènement qu’on ne devoit pas naturellement attendre. Le Prince a l’humeur bienfaisante, & s’il fait du mal, ce n’est que par accident. En termes de Philosophie, par accident, per accidens, signifie ce qui ne suit pas de la nature d’une chose, mais de quelque qualité accidentelle qu’elle a, & il est opposé à de soi ; per se, autre manière de parler semblable qui marque ce qui suit de l’essence & de la nature d’une chose. Ainsi le feu brûle de soi, per se, & entant qu’il est feu, & non pas par accident ; mais un fer, même chaud, ne brûle que par accident, par une qualité accidentelle qui lui est ajoûtée ; & non pas de soi & entant qu’il est fer.

ACCIDENTEL, elle. adj. Qui n’est pas de l’essence d’une chose, ce qui est indifférent à un sujet. Adventitius. La blancheur est accidentelle au marbre, la chaleur au fer.

ACCIDENTELLEMENT. adv. Par accident. Ce n’est qu’accidentellement qu’un homme est blanc ou noir, grand ou petit. On ne s’en sert guère qu’en termes de Philosophie.

ACCISE. s. f. Terme de Relation. C’est une certaine taxe, ou impôt qu’on leve dans les Provinces-Unies sur le vin, la bière, & sur la plûpart des choses qui se consument. On condamne à de grosses amendes ceux qui fraudent les accises. Ce mot vient du Latin, disent les Jésuites d’Anvers, Acta. Sanct. April. T. iii. p. 738, de accidere, tailler, parce que c’est une taille, un retranchement. On trouve en Latin moderne Accisia, pour la taille.

AcCLAMATION, s. f. Clameur, bruit confus, cri de joie, par lequel le public témoigne de l’applaudissement, de l’estime, ou son approbation par quelque chose. Acclamati. Le Roi entra dans la ville parmi les applaudissemens & les acclamations du peuple. Ablanc. Les soldats ne purent retenir les pleurs, ni les acclamations par lesquelles une multitude exprime ses mouvemens. Vaug. Aux avénemens des Princes, & à leurs premières entrées dans les villes, les peuples ont accoutumé de faire des acclamations & des réjouissances publiques. Dans le Code Théodosien, L. vii, il est fait mention des acclamations du peuple Romain, aux entrées des Empereurs Auguste & Constantin. De Roch. Voici quelques formules de ces acclamations, que l’Antiquité nous a conservées : Que les Dieux vous conservent pour nous, votre salut, notre salut : Dii te, nobis servent, vestra salus, nostra salus. En vous, ô Antonin, & par vous, nous avons tout. In te omnia, per te omnia habentur, Antonine. Lamprid. Lorsqu’Agripprine entra dans Rome, les peuples crioient qu’elle étoit l’honneur de la patrie, le seul sang d’Auguste, le seul modèle de l’antiquité, & faisoient des vœux pour ses enfans. Tacit. Annal. L. iii. C. 4. Lampridius dit qu’à l’entrée d’Alexandre Sévère les peuples crioient Salve, Roma, quia salvus Alexander ! O Rome, soyez sauve, puisqu’Alexandre est sauf. Les Hébreux crioient Hosanna. Les Grecs Ἀγαθὴ τύχη, c’est-à-dire, bonne fortune. De Roch. Voyez Juste. Lipse, Elect. L. 11. C. 10, & Lymneus, Jus Public. Imper. L. 11. C. 5. Anciennement on se servoit d’acclamation & d’applaudissement dans les églises, comme dans les théâtres : les Magistrats, les Evêques, étoient élus autrefois par les suffrages, & les acclamations publiques. Dans les Conciles on s’en est aussi souvent servi, soit pour souhaiter de longues années aux Empereurs, soit pour opiner.

AcCLAMPER. v. act. Terme de Marine. C’est fortifier un mât par des clamps, qui sont des pièces de bois qu’on y lie, qu’on y attache pour opposer plus de résistance au vent.

AcCOINTANCE. s. f. Vieux mot. Habitude, commerce, ou familiarité qu’on a avec une personne. Commercium, consuetudo. Il ne faut avoir aucune accointance avec des gens de mauvaise vie.

Le bel esprit au siècle de Marot,
Des grands Seigneurs vous donnoit l’accointance.

Des Houl.

AcCOINTER. v. act. Vieux mot, & hors d’usage qui signifioit, Hanter quelqu’un, faire société avec lui. Habere commercium, inire consuetudinem. Il s’est accointé de cette fille, pour dire, il la voit un peu trop familièrement.

AcCOISER, v. act. Vieux mot, qui signifioit, Adoucir, appaiser. Placare, mulcere. La tempête après avoir duré six heures, s’accoisa un peu. La sédition fut accoisée par l’adresse d’un tel Magistrat.

AcCOLLADE, ou Accolade. s. f. Embrassement, caresse qu’on fait en sautant au cou de quelqu’un en l’embrassant. Amplexus, complexus.


Les amis qui ont été long-temps sans se voir, se font mille embrassades & accollades.

Accolade, se dit aussi de l’embrassade, & d’une cérémonie dont on use quand on fait un Chevalier, lequel on embrasse en signe d’amitié ; & en ce cas on dit, donner l’accolade aux Chevaliers. Grégoire de Tours rapporte que les Rois de la première race donnoient le baudrier & la ceinture dorée aux Chevaliers, & les baisoient à la joue gauche. Après l’accolade le Prince donnoit un petit coup du plat d’une épée sur l’épaule du Chevalier, qui entroit par là dans la profession de la guerre.

Accolade, se dit aussi de deux lapereaux qu’on sert, qu’on présente joints ensemble.

Accolade, Ordre Militaire, ou de Chevalerie, en Angleterre. Autrefois il n’appartenoit qu’aux Chevaliers de l’Accolade de porter l’épée & les éperons dorez. Justiniani ne dit rien de cet Ordre dans ses deux volumes des Ordres de Chevalerie.

AcCOLER ; v. act. Embrasser quelqu’un en lui mettant les bras sur le cou pour le baiser, le caresser. Amplecti, complecti. Ce mot est composé de col, & vient de ad, & de collum. Il se dit le plus souvent en riant.

Accoler, Embrasser le cou.

Psycharpax sur son dos légérement s’élance,
l’accole, & de ses bras le serre étroitement.

Accoler la cuisse, accoler la botte, signifie, Saluer quelqu’un avec grande soumission, avec respect, comme quand on va au devant d’un homme qui arrive, jusqu’à l’endroit où il descend de cheval, & qu’on s’y trouve pour l’y saluer:ce qui est une marque d’infériorité. Ad genua advolvi.

Accoler, en termes de Pratique, signifie, Faire un trait de plume en marge d’un compte, d’un mémoire, d’une déclaration de dépens, qui marque qu’il faut comprendre plusieurs articles sous un même jugement, & les comprendre dans une même supputation pour n’en faire qu’un seul. Multa in unum redigere.

Accoler, en termes de Jardinage, se dit des branches d’arbres, des séps de vigne qu’on attache à des espaliers, à des échalas. Alligare. Il est temps d’accoler la vigne. Les vignes ont besoin d’être accolées, afin que par ce travail donnant plus d’air aux raisins, & empêchant qu’ils ne penchent trop à terre, ils puissent parvenir à une maturité parfaite. Accoler la vigne, est un terme fort bien inventé, car en la liant, il semble qu’on l’arrête par le cou. Liger. Cet Auteur fait entendre que ce mot ne se dit que de la vigne; & en effet je ne l’ai jamais oui dire d’autre chose.

Accoler, signifie aussi, Joindre deux lapereaux ensemble pour en servir une accolade. Componere.

ACCOLLÉ, ée. part & adj. En tèrmes de Blason, se prend en quatre sens différens. On le dit des animaux qui ont des colliers ou des couronnes passées au cou. Torquatus. Ainsi on dit, un lion de sable armé, lampassé, & accolé d’or. On s’en sert aussi en blasonnant les armes de Navarre, qui sont de gueules aux rais d’escarboucle accolés & pommetez d’or.

Accolé, se dit aussi des choses entortillées à d’autres, comme d’un serpent à un arbre, ou à une colonne, ou de toute autre chose qui est entourée de lièrre ; d’un sep de vigne à un échalas ; d’une givre, Alligatus.

Accolé, se dit encore de deux Écus qui sont joints ensemble, & attachez par les côtez. Scutum scuto annexum, adjunctum. Ainsi les écus de France & de Pologne étoient accolés sous une même Couronne du temps de Henri III, ceux de France & de Navarre depuis Henri IV. Les écus de Léon X & de François I. sont en tête du Concordat en deux Ecussons accolés : ils le sont pareillement dans le sceau dont il est scellé. Les femmes accolent aussi leurs écus à ceux de leurs maris.

On dit aussi que des fusées, des losanges & des macles sont accolées, quand elles se touchent de leurs flancs, ou de leurs pointes sans remplir tout l’écu. On se sert aussi de ces termes pour les clefs, bâtons, masses, épées, bannières, & autres choses semblables qu’on passe en sautoir derrière l’Écu.

AcCOMMODABLE. adj. m. & f. se dit en matière de différent ; qui se peut terminer, ajuster, pacifier. Quod componi, conciliari facilè potest. Cette querelle est venuë de rien, elle est accommodable. Les différens en matière de Religion ne sont guère accommodables.

AcCOMMODAGE. s. m. Travail ou salaire de ceux qui apprêtent, qui accommodent les viandes. Operæ, laboris merces. Quand on porte des viandes au cabaret, il en faut payer l’accommodage, les sauces, l’apprêt. On a tant payé au Tapissier pour l’accommodage des chambres, quand on a déménagé.

AcCOMMODANT, ante. adj. Qui est facile, complai-


sant,