Page:Trevoux-1752-01-A-ANE.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
56
ABN ABO — ABO


cepté celui de la barbe aux hommes, & celui de la tête aux femmes. La seconde ablution se nomme Abdest, & est celle qu’ils font toûjours immédiatement avant l’oraison, quand ils sont en un lieu commode. Auprès de toutes les mosquées il y a toûjours des bains pour le Ghousl, & des fontaines pour l’Abdest, quand on en peut faire venir. Par la petite ablution ils croient se purifier les cinq sens du corps ; ils se lavent les mains & les bras jusqu’au coude, & puis le nez, les yeux, les oreilles, le dessus de la tête, & les pieds. Ils prétendent que cette eau a le même effet que l’eau bénite parmi nous, & ils la jugent si nécessaire au repos de leur conscience, que quand elle leur manque, après avoir déchargé leur ventre, ils font suppléer la terre à l’eau, & ils nomment cette cérémonie Tehyemmum. Duloir. Voyage du Lev. p. 140, 141.

Ablution. Les Médecins & les Chirurgiens appellent ablution, une préparation du médicament dans quelque liqueur, pour le purger de ses immondices, ou de quelque mauvaise qualité.

ABN.

ABNAQUIS, ISE. s. m. & f. Abnaquii. Peuple de l’Amérique septentrionale, entre la Mer de Nord, le Lac de Champlain, & la rivière de S. Laurent. Maty. Au reste, je ne sai pourquoi Maty & Mr. Corneille écrivent Abnaquiois. J’ai toujours oüi dire Abnaquis par les François qui ont été en Canada ; & un Auteur de Dictionnaire, qui les appelle Abnaquiois, avoue néanmoins qu’on les appelle aussi souvent Abnaquis.

ABNÉGATION, s. f. Terme de dévotion. Renonciation à ses passions, à ses plaisirs, à ses intérêts. Abnegatio. L’abnégation de soi-même est nécessaire pour la perfection Chrétienne. Il n’est guère en usage que dans cette phrase, & pour signifier un renoncement de soi-même, & un détachement de tout ce qui n’a point de rapport à Dieu. L’abnégation & la haine de soi-même recommandées dans l’Evangile, ne sont pas une haine absolue de nous-mêmes, mais de notre corruption. Fenel. La pauvreté religieuse renferme une abnégation & un renoncement sincère à tout ce qui n’est point Dieu, & qui ne peut contribuer ni à sa gloire ni à son service. Ab. d. l. Tr. Vivre dans une sincère abnégation. Id. Ce terme vient du Latin abnegare, qui signifie désavouer, ne vouloir point reconnoître une chose comme sienne.

☞ ABNOUS. s. m. C’est le nom d’un poisson vorace qui fait la guerre à l’Aquador, & qui l’engloutit quand il le peut attraper. Voyez Aquador. Les Portugais appellent l’Abnous, Poisson doré, parce que son écaille est d’un beau jaune doré.

ABO.

☞ ABO. s. m. Nom propre d’une ville de Suéde. Aboa. Elle est capitale de la Finlande. Elle a un Evêché & une Université. Abo est situé sur le golfe de Finlande, à l’embouchure de la riviére d’Aurajoki.

☞ ABODRITE. s. m. & f. Nom de peuple. Abodritus, a. Les Abodrites au VIIIe & IXe siécle occupoient en Allemagne un pays voisin de la Mer Baltique. On croit que c’est le duché de Meckelbourg, ou la Poméranie Citérieure.

ABOI, subst. mas. On disoit autrefois abay. Le cri d’un chien. Latratus. Ce mot est factice & formé sur le son des chiens qui crient, ou abboient. L’aboi des chiens fait connoître le lieu où est le gibier. L’aboi des mâtins est leur cri, quand ils sentent le loup, ou quelque chose d’étrange autour de la maison. Au premier aboi que fait le limier, le loup sort de son liteau. Salm.

☞ Tenir les abois. Terme de chasse. C’est quand la bête s’arrête, tient devant les chiens par lassitude, & n’en peut plus.

On dit proverbialement, Tenir quelqu’un en Aboi, pour dire repaître de vaines esperances.

Aboi, se dit aussi de l’extrémité où est réduit le cerf sur ses fins ; car alors on dit qu’il est aux abois, qu’il ne peut plus courir, qu’il manque de force & de courage. Ultima


cervi deficientis necessitas. On ne s’en sert dans ce sens qu’au pluriel.

Aboi, se dit figurément de l’homme, & signifie l’agonie, ou la dernière extrémité. Il est réduit aux abois ; c’est-à-dire, il se meurt. Animam agere, expirare. On dit aussi qu’une place est aux abois, lorsqu’elle ne peut plus tenir, & qu’elle est sur le point de se rendre ; qu’un procès est aux abois, quand il est presque jugé ou perdu ; qu’une fidélité est aux abois, lorsqu’elle est presque vaincue, & qu’elle est prête à succomber. Extremæ, summæ angustiæ. On y voit tous les jours l’innocence aux abois. Boil.

ABOIEMENT, s. m. Le cri du chien. Latratus. Les longs & affreux aboiemens des chiens ont troublé mon sommeil.

ABOILAGE, s. m. Vieux mot qui se trouve encore dans quelques Coutumes, & qui signifie un droit du Seigneur sur les abeilles qui se trouvent dans les forêts de leurs Châtellenies. Il a été formé d’aboilles, qu’on disoit autrefois pour abeilles. Ménag.

ABOILE, s. f. Vieux mot qui veut dire une Abeille. Apis.

ABOKELLE. s. f. Terme de Négociant en Egypte & de Relation. C’est le nom que les Arabes donnent à une monnoie de Hollande. Elle vaut moins que la piastre, & les Arabes la nomment ainsi, à cause d’une figure de lion qu’elle porte. Cependant au lieu de lui donner le nom de lion, ils lui donnent celui de kelb, qui signifie chien, soit par mépris pour les Chrétiens, soit pour marquer son bas alloi. Herb. Ce nom vient de אנ, ab, Pere, & kelb, qui est la même chose que l’Hébreu הלנ Chaleb, qui veut dire chien. C’est un Arabisme. Les Arabes disent aba, Pere, au régime de tout ce qui a, qui posséde quelque chose, dans le même sens que les Hébreux disent נן fils. Ainsi aboukelb est une monnoie, qui a un chien gravé, qui est marquée d’un chien. Car proprement il faudroit dire aboukelb, mais on dit vulgairement en Egypte abokelle.

ABOLIR, v. act. Mettre quelque chose hors d’usage, l’abroger, l’annuller. Abolere, abrogare, refigere. Le Magistrat a aboli cette méchante coutume. Le Roi a aboli une telle Loi, une telle procédure ; il a entièrement aboli les duels. Il signifie encore, Détruire, anéantir. Le temps a aboli les plus beaux Monumens de l’antiquité. Il n’y a que le Roi qui puisse abolir un crime ; c’est-à-dire, absoudre le coupable, & l’exempter du châtiment. On dit aussi abolir, ou effacer la mémoire & le souvenir des choses passées. Oblitterare memoriam. Abolir, ou bannir la superstition. Superstitionem tollere. Abolir ou révoquer les impôts. Le temps qui consume tout, abolit tous les jours les noms & les titres qui sont gravés sur ces magnifiques monumens. Bouh. Ce mot vient du Latin abolere, ita extinguere & delere, ut ne oleat quidem.

Abolir, se dit aussi avec les pronoms personnels. Les Mandats Apostoliques se sont abolis par un non usage. Il ne faut pas souffrir que les bonnes coutumes s’abolissent.

☞ On dit que tout crime s’abolit par vingt ans, pour dire, que le droit d’en poursuivre la punition cesse après vingt ans. Acad. Fr.

Aboli, ie, part. pass. & adj. Abolitus, abrogatus. Loi abolie, Crime aboli.

ABOLISSEMENT, s. m. Abrogation, extinction. Abolitio legis. L’abolissement, ou l’abrogation des Loix se fait par l’établissement des nouvelles. L’abolissement des coutumes arrive par le temps, & par le non usage. L’abolissement des cérémonies Judaiques a été l’effet de la Prédication de l’Évangile.

ABOLITION, s. f. Terme de Chancellerie. Abolitio criminis. Lettres de pardon du Prince, par lesquelles il abolit entièrement un crime qui n’est pas remissible par les Ordonnances, sans même qu’on soit tenu d’en expliquer les circonstances, & de les rendre conformes aux informations, ainsi qu’il est requis aux Lettres de grace, qui ne s’accordent que pour les cas remissibles. Absolutoriæ litteræ. Les Lettres d’abolition doivent contenir cette clause : En quelque sorte & manière que le cas puisse être arrivé. Celui qui obtient l’abolition de son crime se met au nombre des innocens, & reprend son premier rang, Liv. III. ff. de accusat. De Roch. Quoique la parole d’un Roi soit un fondement inébranlable ? néanmoins en matière de crime de Lèze-Majesté, il faut toujours faire entériner les


Lettres