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AFF AFI — AFI AFR


non qui va en campagne consiste en deux fortes roues, qui portent deux longues & fortes pièces de charpente, qu’on nomme flasques, dans lesquelles est comme enchâssé le canon, qui se meut sur ses tourillons comme sur un centre en équilibre. On y ajoute un avant-train composé de deux moindres roues, quand on le fait marcher. Les mortiers ont aussi leurs affûts, dont les roues sont comme celles des canons des vaisseaux ou des casemates.

Affût de bord, est le nom qu’on donne aux affûts des canons qui servent sur les vaisseaux.

Affût Turc. Les affûts des canons Turcs sont différens des nôtres, en ce que les roues des premiers sont pleines, & que celles des nôtres sont à jour, & liées par des rayons qui vont du centre à la circonférence. Le Dictionnaire militaire explique mal cette différence.

Affût, en termes de Chasse, est un lieu caché, où l’on se met avec un fusil pour attendre le gibier au passage, Venatoris, insidiæ, specula. On va le soir à l’affût, & le matin a la rentrée.

On dit figurément & proverbialement, qu’un homme est à l’affût ; pour dire, qu’il est au guet, qu’il épie l’occasion de faire quelque chose, de parler à quelqu’un. Esse in speculis.

AFFÛTAGE. s. m. Soin qu’on prend du canon pour le pointer, le disposer à tirer. Tormenti bellici ad emissionem comparatio.

Affûtage, se dit dans le métier de Chapelier, de la façon que l’on donne à un vieux chapeau, soit en le remettant à la teinture, soit en le redressant sous les plombs, soit en lui donnant le lustre, ou quelqu’autre semblable r’habillage..

Affûtage, signifie aussi la façon que l’on donne aux outils tranchans, en les passant & aiguisant sur le grès, pour les faire mieux couper.

Affûtage, se dit aussi chez les ouvriers, d’un assortissement de tous les outils dont ils ont besoin. Omnia artis alicujus instrumenta, supellex. On le dit encore des pièces qu’on applique aux fontaines jaillissantes pour en diversifier le jet.

AFFÛTER. v. act. Disposer le canon à tirer, le mettre en mire. Tormentum ad emissionem disponere, librare.

Affûter, signifie aussi chez les ouvriers, aiguiser les outils. Acuere, exacuere.

Affûté, ée. adj. On dit qu’un artisan est affûté de tous ses outils, quand il a près de lui tous ceux dont il a besoin pour travailler. Comparatus ab omnibus instrumentis, ab omni artis suppellectile.

Affûté, se dit aussi figurément d’une personne qui est venue préparée & disposée à dire ou à faire quelque chose. Ils étoient trois ou quatre Juges affûtés pour faire gagner le procès à cet homme-là.

Nicod dérive tous ces mots de fustis, bâton.

AFFÛTIAU. s. m. Terme populaire, pour signifier, bagatelle, brimborion, affiquet, &c.

AFI.

AFICHIER & AFICHER. Vieux mot, qui veut dire ; attacher, mettre son application.

Celui qui en trésors s’afiche. R. de la R.
Le cuer est mal affiché.

AFIERT. Vieux mot, qui veut dire, convient, appartient : Voyez Borel, Nicod, le Songe du Verdier, & les Stances chrétiennes, où il est dit :

Faites à mon nez l’honneur
Qui afiert à tel Seigneur.


Borel dit qu’affertir veut dire Appartenir.

AFILAGERS, s. m. pl. Officiers qui président aux ventes publiques d’Amsterdam.

AFILIATION. Voyez Affiliation.

AFILIER. Voyez Affilier.

AFIN. Conjonction qui dénote l’intention, & signifie, pour, à dessein. Ut, ad. Elle est toujours suivie d’un de, ou d’un que. Quand elle est suivie d’un de, elle régit l’infinitif. Cet Abbé prêche afin d’obtenir un Evêché, afin de parvenir à l’épiscopat. Je suis venu ici afin de vuider d’affaire. Faites,


Seigneur, que nous connoissions la briéveté de nos jours, afin d’acquérir la sagesse du cœur. Port-R. Et quand cette conjonction est suivie d’un que, elle régit le subjonctif : Afin que vous y mettiez ordre. Afin que je voie la fin de mon procès. Afin que nous puissions savoir ce que vous faites. Afin qu’on ne fût informé de rien, il ordonna, &c. Ablanc. Elle régit même bien souvent deux constructions différentes dans une même période : J’ai tenu cette conduite, afin de faire voir mon innocence à mes Juges, & que l’imposture ne triomphe pas de la vérité. Vaug. Il est vrai que M. Corneille, dans ses notes, n’approuve pas tout-à-fait cette dernière façon de parler ; mais elle est trop usitée, & trop utile pour la rejetter. Je veux vous le donner chez-vous, afin de le guérir avec plus de commodité, & qu’il soit vû de moins de monde. Mol. Au reste, pour avec l’infinif, est bien plus en usage qu’afin de & qu’afin que. Quand on est obligé de se servir d’afin que, & qu’on veut le répéter dans une même période, on ne répète que la seconde partie, la première étant sous-entendue : Ils livreront le Fils de l’homme aux Gentils, afin qu’ils le traitent avec outrage, & qu’ils le fouettent & le crucifient. Port-R. Ménage dérive ce mot de ad finem. Le Peuple dit, dans de certaines Provinces, A celle fin que. Ad eum finem ut..

AFIOUME. s. m. Sorte de lin qui vient du Levant par la voie de Marseille.

AFR.

AFRA. Château de Barbarie en Afrique. Afra. Il est dans le royaume de Darka.

AFRICAIN, aine. s m. & f. & adj. Qui est d’Afrique, qui appartient à cette partie du monde. Afer, Africanus. Annibal, Asdrubal, Térence, Tertullien, S. Cyprien, S. Augustin, sont d’illustres Africains.

Africain a été le surnom de P. Cornélius Scipion, qui prit Carthage, la détruisit, & défit pour jamais Rome d’une si terrible ennemie. C’est en récompense d’un service si considérable, qu’on lui donna le surnom d’Africain, comme on donna à son frere celui d’Asiatique. Nous avons des médailles où l’on voit d’un côté la tête de Scipion nue, avec ces mots : P. Scipio Afric. & de l’autre, Scipion dans un char à quatre chevaux, & Cart. Subact. Africain a encore été le surnom d’un Historien & Chronologiste fameux du IIIe siècle, natif de Palestine, dont nous n’avons plus rien que les fragmens que nous en ont conservé Eusébe & Syncelle. Il se nommoit Julius Africanus, qu’il ne faut point confondre avec Sextus ou Cestus Africanus, comme ont fait Eusébe, & après lui Photius & Syncelle. Quand on parle de Scipion, on ajoute toujours l’article, Scipion l’Africain. Quand on parle des deux autres, on ne met jamais d’article, Jules Africain, ou seulement Africain ; le plus souvent même en parlant françois on retient leurs noms latins, Julius Africanus, ou seulement Africanus. Quand on dit simplement Africain, ou Africanus, c’est de Jules qu’on parle, & non pas de Sextus. Voyez Marmol, Liv. I. Ch.1, 2, 3, 4, 5.

Il y a aussi un Saint nommé Africain. Voyez Afrione.

Africain. s. m. Terme de Fleuriste. Renoncule jaune doré, marqueté de nacorat, sur un fond jaune.

AFRICAINE. s. f. Flos Africanus. Fleur d’Afrique, œillet d’Inde. Il y a un grand nombre d’espèces de cette plante. Gérard en compte quatre espèces. Dictionn. de James.

AFRICANISME. s. m. Terme dont on se sert pour signifier des expressions barbares & des mots forgés dont quelques auteurs Africains se sont servis. On trouve quantité de ces sortes d’Africanismes dans les ouvrages de S. Augusin ; il dit lui-même qu’il le faisoit exprès, pour se mieux faire entendre du peuple. M. Bingham croit que l’on doit attribuer à cette condescendance le grand nombre d’Africanismes qui se trouvent dans les ouvrages de S. Augustin. De la Roche.

AFRIGNE. s. m. Nom propre d’homme. Africanus. S. Africain, vulgairement S. Afrigne, plus communément encore S. Efrique, & par corruption S. Frique & San-Frique, étoit Evêque de la ville de Comminge en Gascogne au VIe siècle. Baill.

AFRIQUE. Africa. Troisième partie du monde, au


midi