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peut cependant plus qu’aucune autre élever les ames à ce que l’Evangile de Jesus-Christ a de plus grand. Ab. de la Tr.

Affection, signifie aussi une inclination qui nous porte à une chose plutôt qu’à une autre. Propensio, proclivitas. Cet homme a mis toute son affection à l’étude. Loin d’ici cette dévotion vaine & frivole, qui laisse vivre au-dedans les désirs, & les affections du siècle. Flech.

Affection, signifie encore l’Ardeur, le zèle que l’on sent pour le service de quelqu’un. Studium. Et alors les inférieurs s’en peuvent fort bien servir à l’égard des supérieurs. Vous direz aux belles Princesses, auprès de qui vous êtes, que j’ai une affection sans pareille pour leur service. Voit. On se fait honneur de faire comprendre à des personnes supérieures l’extrême affection qui nous attache à elles. Il est d’un honnête homme de se porter avec affection à tout ce qui regarde son devoir. Ch. de Mer.

Affection. s. f. Terme de Théologie mystique. L’oraison consiste plus dans les affections, que dans la connoissance, c’est-à-dire, dans les actes de la volonté, que dans ceux de l’entendement. On l’oppose quelquefois à méditation, parce que celle-ci consiste dans les actes de l’esprit, & dans la considération de l’objet que l’on médite, & les affections regardent la volonté, & les élancemens de l’ame vers Dieu. En ce sens ce mot se dit le plus souvent au pluriel.

☞ Ce mot est latin, & s’est fait de affectio. Il a des significations différentes dans la morale & dans la physique. On s’en sert dans la morale pour exprimer l’inclination & le desir ; en physique il signifie les différentes qualités qui surviennent à un corps, & dont il est affecté, c’est-à-dire, changé, revêtu, couvert.

Affection, se dit aussi chez les Philosophes, des qualités des choses, & des divers changemens qui leur arrivent. Affectio. On a trouvé l’art d’observer, par le Thermomètre, toutes les différentes affections de l’air. Roh.

Affection, en termes de Médecine, signifie une impression fâcheuse dans toute l’habitude du corps, ou dans quelqu’une de ses parties. Affection mélancolique. Affection hystérique. Acad. Fr. 1740, aux additions du I. Tome.

Affection hypocondriaque. Maladie des Hypocondres, qui cause divers accidens fâcheux. Voyez Hypocondriaque.

AFFECTIONNÉMENT. adv. Avec affection. Studiosè, propenso animo. Ce mot ne se dit plus, & l’usage y a substitué, affectueusement.

AFFECTIONNER. v. act. Avoir de l’affection pour quelque chose, ou pour quelque personne. Amare. Le mot d’affectionner ne se doit jamais dire en ce sens de l’inférieur au supérieur, & rarement d’égal à égal. Le Sur-Intendant Bullion ne parle pas juste, en répondant aux Cordeliers qui lui demandoient à quel Saint il vouloit dédier une Chapelle : Hélas ! ils me sont tous indifférens, je n’en affectionne aucun. Bouh.

Affectionner, signifie aussi, s’intéresser pour quelque chose. Studere alicui rei, propendere in aliquid, vel in aliquem. C’est une affaire que j’affectionne, à laquelle je m’intéresse.

Affectionner, signifie encore, attacher les personnes à quelque sujet, les y intéresser par quelque chose qui touche, qui émeut, qui entraîne, & donne du plaisir. Afficere. Cela se dit particulièrement des auteurs de pièces dramatiques & de nouvelles historiques, qui doivent faire tous leurs efforts pour affectionner les spectateurs, & les lecteurs, à leurs principaux personnages. Je n’ai jamais vû une histoire plus languissante ; en la lisant on ne prend parti pour personne, & l’Auteur n’affectionne à rien. M. Scud.

s’Affectionner à quelque chose, c’est s’y attacher fortement, s’y appliquer avec ardeur & avec affection. Il faut s’affectionner à son métier pour y réussir. Il y a des Ecrivains qui s’attachent plus qu’il ne faut à finir certains endroits de leurs discours, auxquels ils s’affectionnent. Bouh. Il s’affectionna tellement à la solitude, qu’il cherchoit le silence des forêts. Id.

Affectionné, ée. part. Qui a de l’affection,


de l’amour, de la bonne volonté pour quelqu’un. Benevolus, studiosus. ☞ Quoique ce nom ait une terminaison passive, il signifie pourtant une action. Ce qui n’est pas extraordinaire dans notre langue. On finit les lettres par cette formule : Votre très-humble & très-affectionné serviteur. On a usé de cette formule différemment selon les temps & les personnes. On s’en est servi long-temps en écrivant aux personnes de la première qualité : & même M. d’Urfé en a usé dans la souscription de l’Epître dédicatoire de son Astrée au Roi en l’année 1620. Il y en a grand nombre d’exemples. Mais depuis on s’est rendu plus délicat, & on a mis au lieu d’affectionné, le mot d’obéissant, à ceux qui avoient la moindre élévation, ou à qui on vouloit faire civilité : ensorte que le terme de très-affectionné, ne s’écrit que de supérieur à inférieur ; & il faut être fort au-dessus de celui à qui on écrit, ou être incivil ou mal-instruit de l’usage, pour lui donner du très-affectionné. On a retranché le superlatif en écrivant aux inférieurs ; & toujours en diminuant, on a dit votre affectionné à vous servir, en écrivant à quelque paysan ou artisan ; & enfin, votre affectionné à vous rendre service, quand un grand Seigneur écrivoit à un domestique, ou à quelqu’un de sa dépendance.

On dit qu’un homme est mal affectionné envers un autre ; pour dire, qu’il lui nuit sourdement dans les occasions. Male affectus, malevolus.

AFFECTUEUSEMENT. adv. D’une manière affectueuse. Amanter, benevolè, studiosè.

AFFECTUEUX, euse. adj. Discours ou paroles qui témoignent de l’affection. Amoris & benevolentiæ plenus. Un compliment affectueux, des prières très-affectueuses. Affectueux se dit encore des pièces d’éloquence, qui excitent & qui remuent les passions. Affectuum movendorum potens. Un Orateur doit remplir les péroraisons de mouvemens affectueux. Ce mot ne se dit que des choses, & est vieux. Cependant il y a des gens qui s’en servent dans les matières de piété, pour marquer ce qui vient du cœur.

Ces mots viennent d’Afficio, afficior, affectus.

AFFÉRENTE. adj. fém. Terme de Palais, qui se dit en cette phrase : il faut partager cette succession en trois lots, afin que chacun en ait sa part afférente ; pour dire, qui lui doit échoir ou appartenir.

AFFÉRIR. v. n. Vieux mot. Appartenir. On a dit, ce qui lui affiert ; pour dire, ce qui lui convient.

AFFERMER. v. act. Donner, ou prendre à ferme quelque terre, quelques droits pour un certain temps, & moyennant certain prix. Locare, vel conducere, redimere. Il a affermé sa seigneurie pour neuf ans. Ce Traitant a affermé les Gabelles, le Fermier qui a affermé cette métairie n’y peut pas vivre. Les Greffes s’afferment, parce qu’ils sont domaniaux. Quand on afferme quelque terre au-delà de neuf ans, c’est une espèce d’aliénation. Remarquez que ce nom se dit aussi-bien de celui qui donne, que de celui qui prend à ferme.

Affermé, ée. part. Locatus, conductus.

AFFERMIR. v. act. Rendre ferme & stable. Solidare, firmare. Il faut affermir une voûte par de bons arcs-boutans. Affermir un plancher.

Affermir, signifie aussi, rendre ferme & consistant ce qui étoit mou. Le vin affermit le poisson. La gelée affermit les chemins. Dans ce sens on dit mieux raffermir. Acad. Fr.

Affermir, signifie encore, dans un sens figuré, rendre plus stable, plus assuré, plus inébranlable. Stabilire, confirmare, asserere. Cela n’a servi qu’à affermir notre amitié. Ablanc. Brutus affermit la liberté des citoyens. Il l’affermit au service de son Prince. Cela vous doit affermir davantage dans votre opinion.

Affermir, se dit au figuré de choses spirituelles. Confirmare, roborare, corroborare. La Philosophie affermit le courage. La victoire affermit un Prince sur son Trône. La grace affermit les Fidèles dans la Foi. On tire de l’Ecriture Sainte une consolation qui affermit l’espérance des biens avenir. Port-R. L’approbation affermit, & fortifie les hommes dans l’idée qu’ils ont de leur propre excellence. Nicol.

Affermir, se dit aussi en ce sens avec le pronom personnel, & signifie, se rendre plus ferme, plus assuré, plus inébranlable ; & il se dit dans le propre & dans le figuré. Firmari, solidescere, roborari, stabilire se. Aimer à s’affermir dans l’attente des biens éternels. Port-R. Le courage des fi-


Tome I. R ij dèles