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ment, parler agréablement, combattre vaillamment ; des adverbes d’affirmation & de dénégation, oui, non, certainement, nullement ; des adverbes de doute, peut-être. On disoit, il y a quelque temps, possible en ce sens ; par exemple, il sera possible guéri dans quatre jours : cette manière de parler n’est plus en usage ; des adverbes de répétition, qui marquent que la chose se réitère, se fait plus d’une fois, encore ; des adverbes de choix & de comparaison, sur-tout, principalement, plus, moins, plutôt ; des adverbes de similitude, comme, ainsi, de même.

On dit proverbialement, que Dieu aime mieux les adverbes que les noms ; c’est-à-dire, que pour lui plaire il ne suffit pas qu’une action soit bonne, qu’il faut encore qu’elle soit bien faite.

ADVERBIAL, ale. adj. qui tient de l’adverbe. Adverbialis. Il se dit de deux ou plusieurs mots joints ensemble, qui ont la force d’un adverbe, comme à tâtons, au pis aller, coup sur coup, de temps en temps, sont des phrases adverbiales, des façons de parler, des locutions adverbiales.

ADVERBIALEMENT. adv. d’une manière adverbiale. Adverbialiter. Ce mot se prend adverbialement en telles ou telles phrases.

ADVERBIALITÉ. s. f. Terme de Grammaire. Qualité d’un mot qui est adverbe ou regardé comme adverbe. L’adverbialité d’un mot le rend indéclinable. M. de Vaugelas, dans sa remarque, prendre à témoin, s’est servi de ce mot avec un correctif ; mais depuis, ce terme s’est introduit par l’analogie de plusieurs autres semblables, dont on se sert sans scrupule.

ADVERSAIRE. s. m. Qui est d’un parti opposé, ou d’un sentiment contraire. Adversarius. David avoit à combattre un redoutable adversaire : c’étoit Goliath. Cardan avoit un puissant adversaire qui écrivoit contre lui : c’étoit Scaliger en ses Exercitations. Ne poussez point un adversaire à bout. Il faut prendre conseil sur le champ, & se résoudre sur la mine & sur la contenance de son adversaire. Balz. Vous aurez de la peine à vaincre, ou à repousser une si dangereuse adversaire.

ADVERSATIF, ive. adj. Terme de Grammaire, se dit d’une particule ou conjonction, qui marque quelque différence, ou quelqu’opposition entre ce qui la suit, & ce qui la précède. Adversus. Mais est une particule adversative. Je voulois partir ; mais le mauvais temps m’en a empêché. Ou est une conjonction adversative : c’est lui ou vous. Oui, ou non.

ADVERSE. adj. Terme de Palais. Contraire, opposé, Adversus. C’est la personne contre laquelle on plaide. Il y a des Praticiens qui écrivent & qui prononcent averse : c’est une faute. Il faut nécessairement écrire & prononcer le d, comme dans adversaire, adversité, parce qu’il vient d’adversus, & non pas d’aversus. Voilà les deux parties adverses. On dit aussi, l’adverse fortune ; pour dire, la mauvaise fortune. Il ne s’emploie que dans ces deux phrases.

On le dit par application d’une personne qui n’en aime pas une autre, qui la déchire, ou la contredit par-tout : il ne faut pas prendre garde à ce qu’il dit d’un tel, c’est sa partie adverse.

ADVERSITÉ. s. f. Disgrace, malheur, état fâcheux où l’on se trouve par la perte de la santé, de l’honneur, ou des biens. Adversæres. Job souffrit constamment son adversité. Dieu éprouve ses Elus par l’adversité. La vertu se recueille, & se réunit dans l’adversité, au lieu qu’elle se relâche & se dissipe dans le bonheur. Flech. Il est plus aisé de résister aux chagrins de l’adversité, qu’aux charmes de la prospérité. S. Evr. Un ami soulage le poids de l’adversité, parce qu’il en prend la moitié sur lui-même. L’homme ne sauroit tenir ni contre la prospérité, ni contre l’adversité. Flech. Il n’y a rien qui s’use tant, & qui s’épuise si aisément, que les consolations dans l’adversité. B. Rab.

ADVERSITÉ, s. f. se dit aussi d’un accident, d’un coup de fortune, dont la suite jette dans un état malheureux. Il lui est arrivé une étrange adversité. En ce sens il se dit plus ordinairement au pluriel. Il a soutenu de grandes adversités. Acad. Fr. Les plus courageux succombent souvent sous les adversités extrêmes. S. Evr.

Ces mots viennent de la préposition Adversus.

ADVERTANCE. s. f. Vieux mot. Avertissement.

ADVERTIN. Vieux mot, qui veut dire, fantaisie, boutade. Impetus, lubido, arbitrium.


ADVERTIR. Voyez Avertir.

ADVERTISSEMENT. Voyez Avertissement.

ADVERTISSEUR. Voyez Avertisseur.

ADVEST. s.m. Vieux mot qui signifie investiture, possession. Ce mot se trouve dans la Chronique de Flandre. On a dit aussi, advesture.

ADVEU. Voyez Aveu.

ADVIS. s. m. Sentiment, opinion.

Advis me fut que vers moi tout seul vint. Marot.

C’est-à-dire, ma pensée, mon sentiment fut. On écrit & l’on prononce aujourd’hui Avis Voyez Avis.

ADVISER. Voyez Aviser.

ADVISEMENT. s. m. Ce mot se disoit autrefois pour advis, & dans le même sens.

Je suis de cet advisement
Que foi leur soit gardée.

ADVISION. s. f. Vieux mot. Avis, avertissement. Monitio, monitus. Saint Louis eut trois advisions en son dormant, & à trois divers jours, pour assembler ses Barons & Chevaliers de son Royaume, & aller conquérir le Saint Sépulcre de N. S. Jésus-Christ. Anonyme. Vie de Saint Louis.

ADULA. Nom d’une contrée des Alpes. Adula. Elle est entre les Grisons, les Suisses & les Valésans. Elle comprend le Crispal & le Vogelsberg, où sont les sources du Rhin & du Russi. Elle renferme le mont Saint-Godar, & celui de la Fourche, où naissent le Rhône, le Maggia & le Tessin. Elle contient aussi le mont Adula, qui lui donne son nom, & d’où sort la source méridionale du Rhin. Toutes ces sources montrent que c’est un pays très-élevé, & peut-être le plus élevé de l’Europe.

ADULATEUR, TRICE. s. m. & f. Celui ou celle qui fait métier de flatter, qui par bassesse ou par intérêt donne des louanges excessives à celui qui ne les mérite pas. Adulator, assentator. C’est un lâche adulateur, un perpétuel adulateur. Combien la fortune a-t-elle d’adulateurs ? P. Gail.

Lyre d’adulateurs chantant sur tous les tons.

On peut se servir de ce mot sur-tout dans la poësie à l’exemple de Boileau, qui a dit, Du tyran soupçonneux, pâles adulateurs : & de Rousseau, dont voici un passage :

Ses dons versés avec justice,
Du pâle calomniateur,
Ni du servile adulateur
Ne nourriront point l’avarice. Rouss.

On peut se servir encore de ce mot dans le style oratoire. Adulateur a quelque chose de plus beau & de plus grand que flatteur. Il faut cependant en user sobrement, & ne le point prodiguer. Dans le discours ordinaire on ne s’en sert point ; on dit, flatteur. Pour représenter le mal que fait un adulateur, on a peint un singe, qui étouffe ses petits à force de les embrasser, & de les flatter ; avec ce mot pour ame de la devise, Complectendo necat. Ou une abeille avec ce mot Italien, Se porta suo il mel, la punge ancora. On a donné à l’adulateur même pour devise une petite barbe, avec ce mot Italien, ad ogni vento, pour signifier qu’il change avec la fortune : ou bien une alouette, sub pluvio silet. Elle ne dit mot quand le temps est mauvais. C’est une grande adulatrice.

ADULATIF. adj. m. Flatteur. Ce terme vieillit. Nous avons ici un bénéficier natif d’Angers, nommé M. Ménage, qui est un homme d’esprit & de grande érudition : il a fait des vers fort adulatifs au Cardinal Mazarin, dans lesquels Messieurs du Parlement prétendent être offensés. Il y a du bruit contre lui. J’ai regret qu’il ait fait ce pas de clerc, faute de jugement ; car il est honnête homme & de mérite. Gui Patin. Cette affaire est expliquée au long dans les Mémoires pour servir à la vie de M. Ménage, au-devant du Menagiana. La pierre de scandale étoit ce vers d’une Elégie latine adressée au Cardinal Mazarin :

Et, puto, tam viles despicis ipse togas.


ADULATION.