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garder trois ou quatre jours sans se gâter. A moins que l’arbre ne soit très-vigoureux, cette Pêche est sujète à tomber demi-mûre, verdâtre & velue ; & pour lors ce qu’elle devroit avoir de goût vineux & relevé, se tourne en amertume & en âcreté : cette chair qui doit être si fine & si fondante, se trouve grossière & presque sèche ; enfin, le noyau en est plus gros qu’il ne devroit être, s’ouvre même quelquefois. Id.

Admirable-jaune. Autre espèce de Pêche. Malum Persicum admirabile flavum. L’admirable-jaune tardive est aussi nommée la Pêche d’abricot & Sandalici. C’est un mirlicoton, de même que la Pavie jaune : elle ressemble entièrement par sa figure, & par sa grosseur, à la pêche admirable ; mais elle en est différente par le coloris jaune qui est dans sa peau & dans sa chair, qui lui a fait donner ce nom. La Quint. L’une & l’autre admirable colorent assez au soleil ; & ce rouge pénètre même un peu davantage auprès du noyau de la jaune, qu’auprès du noyau de la blanche. L’admirable-jaune est de très-bon goût, mais sujète à devenir pâteuse. Id.

ADMIRABLEMENT. adv. D’une manière admirable, parfaitement bien. Admirabiliter, mirifica. Il parle admirablement bien sur la Physique. Cela vous sied admirablement.

ADMIRAL. Voyez Amiral.

ADMIRATEUR, atrice. adj. presque toujours employé substantivement. Celui qui admire. Admirator. Miratrix. C’est un admirateur de tous les beaux esprits. Il est passionné admirateur des Anciens. Boil. Sans l’amour nous serions de tranquilles admirateurs des beautés les plus parfaites. S. Evr. On est bien souvent son premier & son unique admirateur. M. Scud. Les grands admirateurs sont la plûpart de sottes gens. S. Evr. Notre siècle est fertile en sots admirateurs. Boil.

De ses tristes écrits admirateur unique,
Plaint en les relisant l’ignorance publique. Boil.

ADMIRATIF, s. m. Terme de Grammaire. Ponctuation qui marque qu’il faut admirer, marquée ainsi ( !) Punctum admirationis.. On dit aussi, un geste admiratif, un ton admiratif. Et en ces phrases il est plûtôt adjectif que substantif.

Les Imprimeurs appellent un admiratif, le signe, ou la ponctuation, qui se met après un discours de contemplation, ou d’élévation.

ADMIRATION, s. f. Mouvement, passion de l’ame ; action, par laquelle on regarde ou avec une haute estime, ou avec étonnement, quelque chose de beau, de grand & de surprenant. Admiratio.. Les prodiges excitent l’admiration Felib. Le Tasse & l’Arioste voulant représenter un homme dans l’admiration, le font paroître comme immobile. Idem. L’admiration qu’on a pour les actions glorieuses est souvent accompagnée d’un secret déplaisir de n’en pouvoir faire autant. Cosr. Rien n’attire plus l’admiration de tout le monde que la vertu. Dur. Vous ne plairez jamais à un homme si fier, à moins que vous ne soyez dans une admiration continuelle pour tout ce qu’il fait. Rochef. Un discours si grave nous remplit d’une profonde admiration. Du R. L’admiration gâte & corrompt le cœur. Maleb. Ce qui fait l’admiration du Peuple ne divertit pas toujours les gens d’esprit. S. Evr. Ce qui rend la solitude insupportable à la plupart des gens, c’est qu’elle les éloigne de l’admiration. Port-R. Quand l’homme ne regarde Dieu que comme son Juge, il cesseroit de l’admirer, s’il pouvoit lui refuser son admiration. Abad.

Admiration, se dit aussi de la chose qui se fait admirer. Ce Prince est l’admiration de son siècle. S. Chrysostôme a été l’honneur de son siècle, & l’admiration de la posterité. Nicol.

On dit proverbialement que l’admiration est la fille de l’ignorance ; c’est-à-dire, une admiration fausse & mal fondée. C’est dans ce sens que S. Evremont a dit, que l’admiration est la marque d’un petit esprit.

ADMIRER, v. act. Considérer avec surprise ; regarder avec étonnement quelque chose de surprenant, ou dont on ignore les causes. Admirari, mirari.. Admirer les mystères divins. On n’admire rien tant qu’un homme qui sait être malheureux avec courage. Racin. Admirer la magnifi-


cence d’un Prince ; on admire beaucoup le mépris des grandeurs. Du R. Les hommes vains ne songent qu’à se faire regarder, & à se faire admirer. St. Evr. Nous aimons toujours ceux qui nous admirent ; & nous n’aimons pas toujours ceux que nous admirons. Rochef. La seule chose qui puisse rendre l’homme heureux, c’est de n’admirer rien ; parce qu’alors on ne desire rien. Dac. Les hommes n’aiment point à vous admirer ; ils ne cherchent qu’à être applaudis eux-mêmes. La Bruy. Bien des gens admirent un faux merveilleux enveloppé d’une obscurité qu’ils respectent. Fonten. On ne peut trop admirer la grandeur & l’étendue des cieux. Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire. Boil.

On dit aussi ironiquement & en mauvaise part, Pour moi je vous admire ; pour dire, Je ne comprens pas à quel point va votre foiblesse : j’en suis surpris. N’admirez-vous pas la folie des hommes ? J’admire l’avarice de cet homme qui a des richesses immenses.

Il se met aussi avec le pronom personnel. Un sot content de tout ce qu’il fait, s’admire lui-même. Boil.

Admiré, ée, part. pass. & adj. Suspectus.

ADMISSIBLE, adj. m. & f. Valable, recevable. Legitimus, Probabilis. Il ne se dit guère qu’en ces phrases. Cette raison n’est pas admissible. Ces moyens de faux ont été déclarés pertinens & admissibles.

ADMISSION, s. f. Réception, action par laquelle on est admis. Admissio. La calomnie qu’on a débitée contre cet Ecclésiastique a empêché son admission aux Ordres.

ADMITTATUR, subst. masc. Billet que donnent les Examinateurs, portant certificat qu’un homme est capable d’obtenir des degrés dans une Faculté, ou digne d’être promu aux Ordres. Ce Prêtre a reçu du grand Vicaire son admittatur.

ADMODIATEUR, s. m. Fermier, métayer qui prend un héritage d’un propriétaire pour le cultiver, & lui rendre une partie des fruits. Conductor, Redemptor. Ce Paysan a jour 30. ans de cette terre en qualité d’admodiateur, de fermier.

ADMODIATION, s. f. Bail d’un héritage en argent, ou pour la moitié des fruits, en les partageant entre le maître & le métayer. Conductio, redemptio.

ADMODIER, v. act. Affermer un héritage à moitié fruits, ou à une certaine redevance de grains. Locare. Il vaut mieux admodier sa terre, que de la cultiver soi-même. Ce mot vient de modius, parce que ces baux se font d’ordinaire à une certaine quantité de muids de grain. On ne se sert de ces mots-là qu’en certaines provinces.

Admodié, ée, part. pass. & adj. Locatus, conductus.

☞ ADMONESTEMENT. s. m. Vieux mot. Avis, avertissement. Monitum, admonitio.

Mais de quoi sert tant d’admonestement ?
Fais seulement que si bien te reçoive,
Que recevoir je puisse promptement. Marot.

ADMONESTER, ou ADMONETER, Voyez AMONETER.

☞ ADMONITEUR. s. m. Celui qui avertit, qui admonête, qui donne un avis. Monitor, admonitor. Je vous supplie de ne pas prendre ce discours comme la prédiction d’un malheur, où je souhaite que vous tombiez, mais comme un avertissement de ce que vous avez à appréhender, & comme le meilleur office que vous puisse rendre un Admoniteur prévoyant & zélé. P. le Valois.

☞ En quelques Communautés Religieuses on appelle Admoniteur le Novice à qui l’on donne le soin de marquer ce que les autres Novices ont à faire, & de les en avertir.

☞ C’est aussi le nom d’un Officier dans quelques Maisons Religieuses. C’est un Religieux préposé pour admonêter, pour avertir le Supérieur, pour lui donner les avis nécessaires. Admonitor.

☞ C’est aussi le nom qu’on donne chez les Jésuites à une espéce de Controlleur, que l’Ordre met auprès du Général, pour l’avertir en secret de ce qu’il trouve d’irrégulier dans sa conduite ; mais il lui est enjoint de le faire avec beaucoup d’égards & de circonspection, & même avec un profond respect. C’est la Congrégation générale qui choisit & élit l’Admoniteur.


O iij ADMONITION.