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☞ M. l’Abbé Fleury dans le discours qui est à la tête du treizième tome de son Hist. Eccles. dit, en parlant des Pélerinages, que sur la fin de l’onzième siècle, on préféra ce petit accessoire à l’essentiel de la Religion.

Accessoire, se prend figurément pour un état fâcheux. Status acerbus. Il étoit dans un étrange accessoire. On ne s’en sert plus en ce sens.

Accessoire, pris pour adjectif, se dit de ce qui n’est point de l’essence d’une chose, mais que l’on y joint comme un accompagnement, comme une dépendance ou une suite. Adscitus, adventitius. Une dette accessoire, une idée accessoire.

Accessoire, en matière de Pharmacie, veut dire un changement qui arrive au médicament par des causes extérieures, & qui augmente, ou diminue sa valeur, son action.

l’Accessoire du long extenseur des orteils, en termes d’Anatomie, est une masse charnue, longuette & plate, située obliquement sous la plante du pied. Ce muscle a été autrefois appelé la chair carrée de la plante du pied, à cause de sa situation & de sa figure. Winslow.

Accessoire de Willis ; Accessorius Willisii, est, en termes d’Anatomie, un nerf, que nous appelons le Spinal. Voyez ce mot. Les nerfs accessoires appartiennent à la huitième paire, & naissent par plusieurs filets des deux côtés de la moëlle de l’épine du cou, quelquefois plus haut, quelquefois plus bas. Ils montent chacun entre les plans nerveux qui sortent latéralement de la moëlle de l’épine pour former les nerfs vertébraux ; & à mesure qu’ils montent, ils grossissent par les filets qu’ils reçoivent des plans nerveux postérieurs.

ACCHO. Accho. Ville de Phénicie. Elle fut donnée à la Tribu d’Aser ; mais cette Tribu n’en chassa point les Chananéens, ou Phéniciens, non plus que de quelques autres lieux dont il est parlé au Ch. i du Liv. des Juges v. 31. Quelques-uns veulent que ce soit la même qu’Acé, ou Ptolémaïs. Bochart, Chanaan, C. 2, dit que c’est Acon, que Jacques de Vitry, dans son Histoire d’Orient, C. 25 écrit Accon. Voyez sur cet endroit les notes d’André Hojux, p. 461, de l’édition de Douai 1597, & Fuller. Miscell. Liv. iv, C. 15.

Etienne a tort de chercher dans la langue grecque l’étymologie de ce nom ; encore plus Josephe de le faire venir d’ἀρχή, principium. C’est un mot purement Hébreu, ou Phénicien, עכו, que quelques-uns interpretent compressus, ou consractus ; mais dont nous ne savons pas la vraie signification.

☞ ACCIA. Ville de Corse, autrefois épiscopale. Accia. Elle est au nord de l’Île, entre la rivière de Golo, & celle de Tavignano. Accia ayant été ruinée, son évéché a été uni à celui de Mariana.

ACCIDENT, s. m. Terme de Philosophie, propriété accidentelle, ce qui survient à la substance, & qui ne lui est pas essentiel ; qui peut y être, ou n’y être pas, sans qu’elle périsse. Accidens. Un accident, ou un mode, c’est ce que nous concevons nécessairement dépendant de quelque substance. Roh. La blancheur est un accident dans une muraille, parce que cette muraille peut subsister sans la blancheur : au lieu que la blancheur ne peut naturellement subsister sans qu’elle soit soutenue par quelque substance. Les Cartésiens disent que l’extension constitue l’essence de la matière, & que les accidens ne sont que des modifications, qui n’en sont point distinctes réellement. Ces sentimens sont rejettés par les Théologiens, comme contraires à ce que la Foi nous enseigne touchant l’Eucharistie. Ce n’est pas nous, Nos très-chers frères, qui avons imaginé cette distinction de substance & d’accident ; c’est Platon, c’est Aristote, qui n’avoient aucune part à nos disputes : nous ne faisons qu’emprunter leurs termes, pour mettre hors de tout équivoque les termes communs. Peliss.

On distingue en Philosophie des accidens logiques, des accidens physiques, des accidens métaphysiques. L’accident logique est tout ce qui peut être conçu être ou n’être pas dans le sujet, sans qu’il cesse d’être ce qu’il est. La blancheur, par exemple, est un accident logique d’une muraille, ou de quelque autre corps que ce soit qui est blanc, parce qu’elle peut être dans la muraille, ou n’y être pas, sans que la muraille cesse d’être muraille. L’Accident métaphysique est tout ce qui n’est point l’essence première d’une chose ; & en ce sens les propriétés sont des acci-


dents. L’Accident physique est opposé à la substance, & on en distingue de deux sortes, l’Accident physique absolu, & l’accident modal. Par accident physique absolu, ou simplement accident absolu, accidens absolutum, on entend celui qui subsiste, ou qui peut au moins surnaturellement & par miracle subsister sans sujet. Tels sont les accidens du pain & du vin dans le Sacrement de l’Eucharistie, suivant le grand nombre des Théologiens. Par accident physique modal, on entend toute modification réelle, inséparable absolument de son sujet, quoique le sujet puisse être sans elle, ou en avoir une différente. Ainsi la rondeur, la carrure, &c. sont des accidents physiques modaux. Voyez Mode. C’est la même chose.

Accident, Evènement fortuit, hasard, coup de fortune. Casus. Malheur imprévu. Casus adversus. Il y a des gens à qui la faveur arrive comme un accident, ils en sont surpris les premiers. La Bruy. C’est par un heureux accident que cet homme a été garanti du naufrage. Quand il est mis seul, & sans adjectif qui en détermine le sens, il se prend presque toujours en mauvaise part. Il arrive quelquefois des accidens d’où il faut être un peu fou pour se bien tirer. Rochef. C’est dans les hôpitaux que se rassemblent toutes les infirmités, & tous les accidens de la vie humaine. Flech. Je suis fâché de l’accident qui vous est arrivé : cela s’entend de quelque avanture désagréable.

Quand on se brûle au feu que soi-même on attise,
Ce n’est point accident, mais c’est une sottise. Regnier.

Accident, signifie aussi les circonstances, & les incidens d’une action. Quand Sapho veut exprimer les fureurs de l’amour, elle ramasse de tous côtés les accidens qui suivent, & qui accompagnent cette passion : & remarquez que de tous ces accidens, elle choisit ceux qui marquent davantage l’excès & la violence de l’amour. Boil.

Accident absolu. Accidens absolutum. C’est celui qui subsiste, ou qui peut au moins surnaturellement & par miracle subsister sans sujet. Tels sont les accidens du Pain & du Vin dans le Sacrement de l’Eucharistie : car l’Eucharistie étant un Sacrement ; c’est-à-dire, un signe visible, de la Grace invisible, il faut nécessairement qu’il y ait quelque chose de sensible. Ce ne peut être aucune substance, il faut donc que ce soient des accidens. De plus il se fait dans l’Eucharistie une véritable conversion ; c’est la Foi de l’Eglise Catholique, la Doctrine des Pères, & la décision des Conciles de Rome, sous Grégoire VII. de Latran, sous Innocent III. & de Trente, Sess. XIII. Chap. 6. Or en toute conversion il doit y avoir quelque chose de commun, qui demeure après le changement le même qu’il étoit avant le changement ; autrement ce ne seroit qu’une simple substitution d’une chose à la place d’une autre. Comme donc il n’y a aucune substance qui demeure, il faut que ce soient de purs accidens. Enfin, le Concile de Constance a condamné comme hérétique cette proposition, qui est la seconde de Wiclef, dans la Sess. VIII. Les accidens du Pain ne demeurent point sans sujet dans le même Sacrement (de l’Eucharistie). Et quoique le Concile de Trente ne se soit point servi du mot d’accident, il a néanmoins défini la même chose au regard des espèces, qui dans le langage de tous les Théologiens ne signifient autre chose que les accidens du Pain & du Vin. Car que sont autre chose les especes après la consecration, que des espèces sacramentelles & des accidens sans sujet ? dit le Concile de Cologne en 1539. Part. VII. §. 15. On peut voir encore dans le Concile de Basse le discours de Jean de Ragusio, Procureur général des Dominicains. Quelques Théologiens ou Philosophes reconnoissent pour accidens absolus tous ceux qui restent dans le Sacrement après la consécration ; la quantité, la couleur, la saveur, &c. D’autres disent qu’il n’y a proprement que la quantité qui soit un accident absolu & sans sujet, que les autres ont pour sujet la quantité. Le premier sentiment est plus conforme à celui des Pères, & à l’ancienne Doctrine ; car les Pères ont reconnu des accidens absolus autres que la quantité, & ailleurs que dans le Sacrement de l’Eucharistie. S. Basile, dans son Homélie VI. sur la création, enseigne, que la lumière ou plutôt la splendeur, la lueur de la lumière, , est différente de son sujet, comme la blancheur du corps blanc, & qu’elle a été au commencement sans ce sujet, ayant été créée quatre jours auparavant, ce qu’il regarde comme un miracle de la toute-puissance de Dieu. S. Grégoire de Nazianze dit la même chose. Orat. 43. Nicétas aussi-bien


Tome I. que