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sait, et son regard semblait devenir plus triste en errant vers le coin de la voiture.

— C’est un homme fort habile, dit Pandalewski à haute voix, au moment où il détachait ses bretelles brodées de soie en se déshabillant ; puis, jetant tout à coup un regard sévère au petit Cosaque qui lui servait de valet de chambre, il lui ordonna de sortir sur-le-champ.

Bassistoff ne dormit pas ; il resta tout habillé, et écrivit à un de ses amis de Moscou une longue lettre qui l’occupa jusqu’au matin.

Natalie non plus ne dormit pas de la nuit. Couchée dans son lit, et la tête appuyée sur sa main, elle laissait errer son regard dans l’obscurité ; ses tempes battaient, un lourd soupir s’échappait par moments de son sein oppressé.


V


Le lendemain matin Roudine, à peine habillé, vit apparaître un domestique qui l’invita, de la part de Daria Michaëlowna, à passer dans son boudoir pour y prendre le thé. Roudine trouva la maîtresse de la maison seule. Daria Michaëlowna lui souhaita le bonjour d’un air fort aimable, s’informa s’il avait bien passé la nuit, lui versa, de ses propres mains, une tasse de thé qu’elle sucra elle-même, lui offrit après une cigarette, et répéta encore qu’elle était bien