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trompé sur votre compte. À mes yeux, vous serez toujours, comme autrefois, un homme noble et honorable. Mon tort est d’avoir supposé que vous sauriez vous dégager du milieu dans lequel vous avez vécu. Je me suis trompé : qu’y faire ? Ce n’est ni la première ni la dernière fois que cela m’arrivera. Je vous le répète, je m’en vais ; je vous souhaite tout le bonheur possible. Avouez que ce souhait est complètement désintéressé. J’espère que vous serez heureux désormais. Peut-être le temps changera-t-il votre opinion sur mon compte. Je ne sais si nous nous reverrons jamais ; mais, dans tous les cas, croyez à la sincérité de mon estime.

« D. ROUDINE. » « P.-S. Je vous enverrai les deux cents roubles que je vous dois aussitôt que je serai arrivé chez moi dans le gouvernement de T***. Je vous prie de ne pas parler de cette lettre à Daria. « P.-S. Encore une dernière et importante prière. Puisque je pars immédiatement, j’espère que vous ne ferez pas allusion à ma visite chez vous en présence de Natalie. »

— Eh bien, qu’en dis-tu ? demanda Volinzoff aussitôt que Lejnieff eut fini la lettre.

— Qu’est-ce qu’on peut dire ? répondit Lejnieff.