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signes de tête, il ordonna au paysan cocher d’entrer dans la cour, le fit avancer tout droit jusqu’à son pavillon et aida Marianne à descendre.

Néjdanof sauta après elle.

Solomine leur fit traverser un long corridor obscur, monter un étroit escalier, et les amena dans une partie reculée du pavillon, au second étage. Là il ouvrit une porte basse, et ils entrèrent tous les trois dans une petite chambre à deux fenêtres assez proprement meublée.

« Soyez les bienvenus ! dit Solomine avec son éternel sourire, qui cette fois semblait plus large et plus cordial que de coutume. Ceci est votre logement. Voici une chambre, et en voici une autre à côté. Ça n’est pas magnifique, mais enfin on peut s’en contenter, et personne ne viendra fourrer son nez ici. Sous vos fenêtres, il y a ce que mon patron appelle un parterre ; moi, je l’appelle un potager ; il est fermé de tous côtés par des murailles. On y est chez soi. Allons, bonjour encore une fois, ma charmante demoiselle, et vous aussi, Néjdanof, bonjour. »

Il leur serra la main à tous deux.

Les deux jeunes gens restaient là immobiles, sans ôter leur vêtement de voyage, et regardaient droit devant eux, dans un trouble muet, moitié surpris, moitié joyeux.

« Eh bien, qu’est-ce que c’est ? dit Solomine. Débarrassez-vous ! Quels effets avez-vous apportés ? »

Marianne montra le petit paquet qu’elle avait encore à la main.

« Je n’ai que cela.

— Moi, dit Néjdanof, j’ai un sac de voyage et une valise qui sont restés dans la télègue. Mais je vais…

— Restez ! restez ! »

Solomine ouvrit la porte.

« Paul ! cria-t-il en se penchant vers l’escalier obscur, vite… Il y a des effets dans la télègue, apportez-les.

— Tout de suite ! répondit la voix de l’« omniprésent ».