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J’ajouterai que ces monnaies ne se sont pas rencontrées toutes au même niveau ni sur le même plan, ni amassées sur une surface très-étroite, comme cela aurait dû avoir lieu si elles avaient été, en tombant dans le fleuve, renfermées dans une seule caisse, mais éparses sur une étendue d’environ trente mètres ou plus, et disséminées dans toute l’épaisseur de la couche de sable, ce qui indique de toute nécessité qu’elles avaient été jetées séparément, successivement, et durant un long intervalle, à mesure que celle-ci se formait.

4o Enfin l’absence de toute arme romaine entière ou en fragment, éloignant l’idée d’un combat, comme cause de destruction d’un ou plusieurs transports (car on en aurait rencontré quelques débris dans cette partie de la rivière ou au-dessous), ces derniers auraient-ils coulé avec le numéraire dont ils étaient chargés, par suite d’un accident, comme quelques personnes l’on prétendu, tandis que leur coque aurait été remorquée au rivage et dépecée, ou se serait pourrie au fond dé l’eau ? Cela est peu probable, parce qu’on aurait indubitablement trouvé dans ce cas, de longs clous ou chevilles en bronze ou en cuivre, ou des fragmens de proue ou de membrures ; en un mot, quelques traces d’une semblable catastrophe.

Troisième Opinion.Ces monnaies auraient-elles été lancées volontairement dans, le fleuve, plutôt que de les laisser aux Armoricains, lorsque les Romains furent forcés d’abandonner leur conquête en 410 ?

Cette opinion du jet volontaire de ces valeurs métalliques dans le fleuve, par les vainqueurs obligés de fuir précipitamment, et préférant ainsi les anéantir, plutôt que de les laisser tomber entre les mains de leurs ennemis, est victorieusement battue en brèche par la considération que dans ce cas on les eût toutes trouvées au même niveau, et qu’en outre on n’eût pas rencontré des monnaies aussi variées et d’époques aussi distantes. Car évidemment ni Jules César, ni ses lieutenans n’avaient pu jeter dans le fleuve des pièces de presque tout le Haut et d’à peu près la moitié du Bas-Empire qui leur sont de beaucoup postérieurs, et qui, par conséquent, comprendraient la durée de toute l’occupation romaine. Il est tout aussi difficile de s’expliquer comment, au milieu de monnaies appartenant à la dernière période de celle-ci, on a pu en trouver d’antérieures de plus de quatre siècles, et cependant si bien conservées qu’elles semblaient être fabriquées d’hier.