Page:Toulmouche - Histoire archéologique de l'époque gallo-romaine de la ville de Rennes.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17

reçurent désormais les bonheurs rendus auparavant à l’eau seule. Le culte matériel dura toujours, mais il perdit son sens primitif, il fut absorbé dans le christianisme. C’est ainsi que dans la Basse-Bretagne, presque toutes les fontaines fréquentées par la population sont surmontées d’une image de saint, placée dans une niche pratiquée dans la maçonnerie et entourée d’une grille en fer. Quant aux lacs et aux rivières, on les consacrait en élevant sur leurs bords des églises et des chapelles[1]. Presque toujours les sanctuaires gaulois étaient placés sur une éminence ou au bord d’une eau courante. Il est donc, comme nous l’avons dit, très-naturel de supposer que le sanctuaire des habitans de Condate était situé sur la petite colline qui borde la Vilaine en cet endroit. A la place de ce sanctuaire, les apôtres de la Gaule auront élevé un oratoire chrétien, et la dévotion populaire y aura continué ses anciennes pratiques en les reportant, par une nouvelle inspiration, au saint qui avait reçu la dédicace du lieu.

» Ces rites ainsi détournés de leur sens primitif, existent encore dans une grande partie de la Bretagne. On voit, aux jours dé pardon, les paysans accourir vers les fontaines consacrées. Ils s’y lavent les mains et le visage, y trempent Leurs cheveux, en font couler l’eau bien avant dans leurs manches, en élevant les bras : ils y jettent des liards et des sous ; les jeunes filles détachent les épingles de leurs collerettes et les précipitent dans l’eau, tirant, de la manière dont elles tombent au fond, des augures heureux ou malheureux. Nous n’en finirions pas si nous voulions énumérer tous ces pratiques. Elles ont aujourd’hui disparu de ce pays-ci, mais certainement elles y ont existé. »

La même coutume ou consécration s’était donc continuée, non-seulement sous les lientenans qui succédèrent à Jules César, mais encore postérieurement. En effet, sans cela on ne pourrait se rendre compte de l’existence de pièces à l’effigie d’empereurs du Haut et du Bas-Empire, qui ne pouvaient avoir été encore frappées à l’époque de l’occupation romaine, puisque les temps, auxquels elles appartenaient n’existaient pas alors.

  1. Greg. Tur. di glor. confess., c. 2.