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assertion sur ce que les Gaulois avaient la coutume de sacrifier aux génies des eaux, et de jeter de l’or et de l’argent dans les fontaines, les étangs et les rivières consacrées, chacun selon ses facultés, et que dès-lors il est bien permis de supposer que les Armoricains avaient conservé cet usage du temps des Romains, lequel ne cessa généralement que par l’établissement du christianisme ; et de plus, sur ce qu’en Bretagne, où les coutumes superstitieuses ont plus de ténacité qu’ailleurs, il en existe encore des traces.

Le même ne prétend pas dire par là que ce furent les Romains eux-mêmes qui jetèrent ces monnaies dans la Vilaine, encore bien que presque toutes celles trouvées fussent romaines ; car, par cela seul qu’il en fut découvert également un assez grand nombre de gauloises, telles que celles de Germanus, de Durnacos, etc.; il pense que les Gaulois durent y employer d’abord leurs monnaies, tant qu’ils en eurent, ce qui dura peu, les Bomains s’empressant de retirer ces dernières de la circulation, pour détruire tout ce qui pouvait rappeler des souvenirs de nationalité, et qu’ensuite ils furent contraints de les remplacer par celles que leurs vainqueurs y avaient substituées.

En effet, n’est-ce pas ce qui a lieu après toute conquête ? et aujourd’hui que nous occupons l’Afrique, n’avons-nous pas fait disparaître la monnaie du pays pour en anéantir le cours et la remplacer par la nôtre ? Eh bien ! supposons que le même rite religieux, consistant à jeter des pièces dans les fleuves, eût eu lieu lors de l’occupation, et qu’il se fût continué pendant et même après celle-ci, n’y trouverait-on pas plus tard, si l’on venait à fouiller leurs lits, des monnaies antérieures et postérieures à la conquête ? La chose est indubitable.

J’ajouterai que le même savant rapporte, dans le mémoire déjà cité, qu’en 1430, on découvrit daans les bassins de Bade, en Suisse, comme à Rennes (V. Dictionnaire de la Martinière, au mot Baden), des médailles d’or, d’argent et de cuivre, et qu’elles y avaient été jetées par suite du même culte. Enfin il vient encore achever de corroborer son opinion par la note suivante :

En creusant le Morgon, à Villefranche, dans le mois de septembre 1842, pour faciliter le cours de cette rivière, on y trouva, comme dans la Vilaine, dans la partie qui avoisine le plus l’église Notre-Dame, quan-