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autres, prise et reprise, détruite et rebâtie jusqu’à six différentes fois, tant pendant les précédentes guerres que dans le cours des dernières qui ne finirent qu’en 1364 par la bataille d’Auray, en faveur du roi Jean.

Cette ville avait été réduite par ces diverses destructions et réédifications à un très-petit circuit.

Le. point de la Vilaine en amont du pont de Berlin, que les travaux actuels pour le redressement de son cours, dans la traverse de la ville, viennent de forcer à creuser, ont fait découvrir une quantité extrêmement considérable de pièces romaines, à 4 et 5 mètres au-dessous du fond actuel. Il est intéressant de rechercher, sous le rapport archéologique, à quelle cause on peut en attribuer la présence dans cette partie du fleuve, et sous celui de la numismatique, quelles variétés elles ont pu offrir.

Je n’aborderai cette double investigation qu’avec prudence. Car, la voie d’induction, comme méthode historique, a toujours quelque chose d’hypothétique ou de hasardé et par conséquent de controversable. Le lecteur choisira entre les trois opinions que je vais développer et mettre en parallèle, celle qu’il jugera la plus admissible pour expliquer la présence de tant de richesses en numéraire dans cet endroit de la rivière.

Première Opinion.Ce dernier était-il un lieu consacré, affectionné par les Gaulois avant et lors de l’occupation de notre pays par les Bomains, et les pièces trouvées en si grand nombre dans un espace aussi circonscrit, étaient-elles votives et jetées là en vertu, d’une coutume religieuse, comme M. Moët de la Forte-Maison en a émis l’opinion dans sa lettre à M. Ducrest de Villeneuve, rédacteur de l’Album Breton[1] ? Tout porte à le croire. Cet antiquaire pense, en effet, que ces monnaies avaient été abondamment répandues comme offrandes propitiatoires, par les habitans, dans ce fleuve, qui très-probablement alors était sacré, comme son ancien nom semblerait l’indiquer (Herius fluvius)[2]. Il s’appuie pour étayer cette

  1. Sixième livraison de l’Album breton, année 1811, mois de novembre.
  2. D’Anville trouve une trace de cet ancien nom de Herius dans celui de Treig-hier, que l’on donne an passage de la Vilaine, entre la Roche-Bernard et l’embouchure de la rivière. Ce mot, dit-il, doit s’être formé de Trajectum-Herii. (Voyez Encyclop. Method. Geogr. anc.)