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marchés, leurs ponts, leurs obélisques, leurs tombeaux, une foule d’autres monumens, les noms des magistrats qui surveillaient la fabrication des monnaies, et enfin une multitude d’évènemens historiques. J’ajouterai que l’iconographie, ou l’art de reconnaître les portraits des anciens, est née de la numismatique.

Le commerce, dans l’origine, ne se fit que par échange. C’est ainsi que, du temps d’Homère, un grand trépied d’airain valait six paires de bœufs ; et une femme, capable d’exercer plusieurs genres de travaux manuels, en coûtait deux. Mais, comme pour se procurer les choses dont on avait besoin, ce mode n’était pas, sans inconvénient, on ne tarda pas à imaginer quelque chose qui, l’aide d’une marque apposée par l’autorité, pût représenter la valeur des denrées et des antres objets nécessaires à la vie.

De là l’invention des premières monnaies qui vinrent remplacer les échanges d’objets volumineux, incommodes ou difficiles à transporter, et faciliter les transactions commerciales par le prix conventionnel qu’elles acquirent en devenant ainsi un signe représentatif de la richesse.

Les métaux furent choisis de préférence, à cause de leur valeur intrinsèque, de leur poids, de leur dureté, de leur petit volume, de leur propriété de se conserver long-temps, et de leur facilité à pouvoir prendre toutes sortes de formes ou d’empreintes et à se diviser à l’infini.

Le premier signe monétaire légal qui, y fut imprimé fut très-simple. Il consista en une empreinte, telle que celle d’un bœuf ou de la tête de Janus, etc., sur un seul côté d’un morceau de métal. On en diminua le poids à mesure que la civilisation fit des progrès, on en changea aussi la forme, on y représenta des types de dieux, ou des sujets religieux, ou enfin quelques traditions historiques propres à être communiquées ou répandues parmi le peuple ignorant.

Plus tard, les monnaies devinrent en quelque sorte des tablettes sur lesquelles on retraça les mythes particuliers à chaque contrée, ses croyances et ses institutions. Par le caractère sacré qu’on imprima aux sujets qu’on y représentait, on en assura en quelque sorte la durée. Aussi ont-elles pu traverser une longue série de siècles, pendant tout le temps qu’ont subsisté les empires sous lesquels elles avaient été frappées ; et si elles leur ont survécu, ce n’a été que parce qu’elles sont restées enfouies, soit dans la terre, soit au fond des fleuves.