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tificiel, de façon qu’après l’avoir dégagée peu à peu je pusse m’échapper. Et déjà je m’enfuyais en idée à toutes jambes, lorsque, du haut de la terrasse, une voix m’appela : Charles ! C’était celle de M. Prévère.

Au même moment, Dourak bondit par le taillis, pousse droit à moi, piétine le chantre, et remplit l’air de ses aboiements.




Le chantre se leva, et moi aussi. Son premier mouvement fut de porter les yeux et la main sur la poche où était la lettre ; après quoi nous nous regardâmes.

— Vous ici ! s’écria-t-il.

— Charles ! appela encore une fois M. Prévère. À cette voix, le chantre se contint, et ajouta seulement ces mots : — Allez, ça va finir.

Je m’échappai tout tremblant.




Je fis un détour pour rejoindre M. Prévère, afin de gagner un peu de temps ; car le désordre de mes traits était tel, que je n’osais me présenter à lui. Mais il se trouva devant moi au sortir du taillis.

— C’est vous que je cherchais, Charles, me dit-il. Votre chapeau : nous irons faire une promenade ensemble.

Ces mots m’embarrassèrent beaucoup, car mon chapeau était resté auprès du chantre ; et, à peine délivré de son terrible regard, je redoutais horriblement de m’y exposer de nouveau. Néanmoins, ne voulant pas paraître hésiter, je rentrai dans le taillis ; mais la surprise et l’émotion me firent chanceler quand je vis, sous les arbres, le chantre qui nous observait silencieusement