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LE LAC DE GERS.




De Sixt on peut se rendre dans la vallée de l’Arve, en franchissant une chaîne de hautes montagnes qui s’étend entre Cluses et Sallenche. Ce passage n’est guère connu et pratiqué que des contrebandiers qui abondent dans cette contrée. Ces hommes hardis s’approvisionnent à Martigny en Valais ; puis s’acheminant, chargés de poids énormes, au travers de cols inaccessibles, ils viennent descendre dans les vallées intérieures de la Savoie, pendant que les douaniers font bonne garde sur la lisière du pays.

Les douaniers sont des hommes qui ont un uniforme, les mains crasseuses, et une pipe à la bouche. Assis au soleil, ils fainéantent jusqu’à ce que vienne à passer une voiture, qui ne passe devant eux que par cette raison justement qu’elle ne contient pas trace de contrebande. — Monsieur n’a rien à déclarer ? — Non. Et les voilà aussitôt, nonobstant cette réponse catégorique, qui ouvrent les valises, et fourrent les susdites mains parmi le linge blanc, les robes de soie et les mouchoirs de poche. L’État les paye pour exercer cet état. Cela m’a toujours paru drôle.

Les contrebandiers sont des hommes armés jusqu’aux