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paroles, combien d’intelligence, de goût, de vraie parure de l’esprit, embellit les hôtes du réduit si simple que vous avez vu. Cette jeune fille, si timide et si inexpérimentée d’ailleurs, possède et cultive une foule de connaissances ; elle s’est adonnée à la musique, au dessin, et à toutes ces choses elle apporte l’avantage d’une aptitude naturelle, et je ne sais quelle grâce remplie de sentiment. Sa mère unit à des qualités pareilles ce qu’y ajoutent l’expérience, les voyages, une vie bien employée, mais surtout cette aménité douce qui provient d’une sensibilité exercée aux épreuves comme aux joies du cœur. Aussi trouvé-je toujours un plaisir nouveau à les visiter. C’est l’endroit aimable de ma paroisse : je m’y oublie souvent, et je n’en sors jamais que je n’admire combien de grâces et d’agréments l’honnêteté, le travail, la culture, peuvent rassembler autour de ce petit foyer si voisin de la gêne et de la misère.

Cet entretien dura fort tard. Je le prolongeais par mille questions, ne pouvant me lasser d’entendre mon respectable ami me raconter ce qu’il savait des personnes qui m’inspiraient un intérêt si vif. Nous convînmes que dès le lendemain matin il se rendrait auprès d’elles ; que, selon la disposition où il les trouverait, il ferait les premières ouvertures, et que peut-être, pour répondre à mon impatience, il me rapporterait une réponse avant midi. Après cela, il se leva pour se retirer ; mais je voulus l’accompagner jusqu’à sa demeure, où je pris congé de lui, le cœur rempli d’affection, de joie et d’espérance.