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Nous quittons à regret Castellane pour rentrer dans les solitudes pétrées. Les rocs ci et là sont appointis en pains de sucre ou dressés en pans de muraille : on dirait parfois les ruines d’une ville écroulée de la veille. Du reste, le seul passant à qui nous ayons affaire, c’est un vendeur de moutons, sensé, poli, henriquinquiste, et qui cause admirablement bien laines et procès.

Sur le soir, on atteint Barême, gros village, où l’hôte est un ladre sans entrailles qui nous affame en règle. Par avarice, et pour n’avoir point de gages à payer, cet homme est maître et valet, hôte et cuisinier, sommelier et femme de chambre ; en sorte que ce n’est qu’après qu’il a lavé nos assiettes et soupé de nos débris qu’il peut s’occuper de faire nos lits. Enfin vers minuit tout est prêt, et c’est alors à qui se réveillera pour s’en aller dormir.