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NEUVIÈME JOURNÉE.


Nous profitons de ce que nous sommes en voiture pour cheminer plus rapidement. Aussi bien cette façon d’aller est-elle monotone et pauvre en incidents, en comparaison de la marche libre et indépendante. M. de Saint-G*** nous quitte à Turin ; c’est un gros vide qui se fait dans la troupe. D’autre part, M. V*** G*** monte à cheval et nous escorte jusqu’à Montcaglieri. C’est un palais royal où vivent et grandissent les bambins royaux, sous la direction d’un gouverneur.

Notre voiture de renfort est traînée par trois haridelles efflanquées, qui, en comparaison de nos deux bonnes grosses juments de Genève, semblent de vieilles évaporées sans jupe ni sou. Mais celle de devant a un défaut inquiétant : dès qu’elle n’est pas tenue fouettée, elle tourne court et repart net pour Turin. « C’est, dit le cocher, manque d’habitude d’aller devant soi ; d’ailleurs la bête est bonne. » Ce cocher est un homme énorme, à