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doublés ébranlèrent la porte. Tous se penchèrent vers la fenêtre. Un cavalier venait de descendre devant la maison ; il attachait son cheval.

On courut au-devant lui et l’on reconnut le laquais du seigneur.

— Bonjour, dit-il.

— Bonjour, que pouvons-nous faire pour votre service ?

— Je viens de la part de ma gracieuse maîtresse. C’est au sujet des bottes.

— De quoi s’agit-il ?

— Mon maître n’en a plus besoin, il n’est plus de ce monde.

— Que dis-tu là ?

— L’exacte vérité. En vous quittant, il ne devait pas rentrer vivant chez lui, la mort l’a surpris en route. Quand nous arrivâmes au château, j’ouvris la portière, mais il ne bougea pas plus qu’un bloc ; sa figure était pâle, le corps roide, il était mort. Dieu ! que de peine nous avons eu à le tirer du traîneau ! C’est pourquoi ma gracieuse maîtresse m’envoie vers toi avec cet ordre : « Va dire au cordonnier que ton maître n’a plus besoin des bottes qu’il a com-