Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et c’est moi qu’il a fait partir. À présent, je ne veux plus rester.

Il parlait à voix basse, d’un air confiant, et sous l’influence d’une douce mélancolie.

— … Je ne regrette que ma petite mère. Comme elle se lamentait, la malheureuse ! Et ma baba ! C’est ainsi qu’on l’a perdue ! La voilà femme de soldat. Ne valait-il pas mieux qu’on ne me mariât pas ? Pourquoi m’ont-ils marié ?

— Mais pourquoi vous a-t-on emmenés si tôt ? demanda Iliitch Polikey. On n’en avait rien dit, et puis tout à coup…

— Ils ont eu peur que je ne porte les mains contre moi-même, répondit Ilia avec un sourire. Ne crains rien, je ne ferai pas cela. Pour être soldat, je ne me crois pas perdu. C’est seulement ma petite mère que je regrette. Pourquoi m’ont-ils marié ? disait-il d’une voix douce et triste.