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vaise action doit avant tout s’étourdir par l’ivresse.

Je me souviens d’avoir été très frappé par la déposition d’un cuisinier qu’on jugeait pour l’assassinat d’une vieille dame de mes parentes, chez laquelle il était en service. Il résultait de son propre récit sur les circonstances du crime qu’il avait commis, que lorsqu’il avait saisi le couteau et était entré dans la chambre de sa victime, il avait senti tout à coup qu’il était incapable de commettre un pareil crime : « L’homme sobre a des remords, » disait-il. Il retourna donc dans la salle à manger, et but coup sur coup deux verres d’eau-de-vie qu’il avait préparés d’avance. Ce n’est qu’alors, et pas avant, qu’il se sentit capable de commettre son crime, et il le commit.

Les neuf dixièmes des crimes sont commis précisément dans ces conditions. Boire d’abord pour se donner du courage.