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enclins à suivre tous leurs mauvais penchants ne prépareraient-ils pas longtemps à l’avance l’excuse que la loi acceptera ? S’il suffit, pour innocenter un homme qui a tué, de prouver qu’au moment du meurtre l’alcool ne le laissait plus maître de sa raison et qu’il était un familier du vice le plus ignoble et le plus dégradant qui soit, pourquoi cet homme ne boirait-il pas tous les jours et ne grossirait-il pas en lui, avec les petits verres, la source des circonstances atténuantes ? Plus on pourra prouver ce vice, plus le prévenu sera disculpé. On absout ainsi pour une cause qui devrait faire condamner doublement. Et s’il est bien constaté que le tabac, de son côté, agissait dans un autre sens sur le cerveau de l’accusé, si son avocat peut dire : « Non seulement mon client était surexcité par l’abus de la boisson, mais il était abruti par l’abus du tabac, » — la clémence et la sympathie des jurés n’auront plus de limites.