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souffrances. Par leur martyre, ils gravaient la vérité de la doctrine dans le cœur des hommes.

Le christianisme pénétrait dans la conscience non seulement par la voie négative de la démonstration de l’impossibilité de la vie païenne, mais aussi par la simplification, la clarté, son affranchissement des superstitions qui s’y étaient mêlées, et sa propagation dans toutes les classes.

Dix-huit siècles de christianisme ne se sont pas écoulés sans avoir une influence sur les hommes qui l’ont accepté même d’une façon extérieure. Ces dix-huit siècles ont fait que, tout en continuant à vivre de la vie païenne qui ne correspond plus à l’âge de l’humanité, les hommes voient déjà nettement toute la misère de la situation et croient au fond de l’âme (ce n’est que parce qu’ils croient qu’ils vivent) que le salut est seulement dans l’observance de la doctrine chrétienne dans toute sa signification. Quand et comment obtiendra-t-on le salut ? Les opinions sont diverses selon le développement intellectuel et les préjugés de chaque milieu. Mais tout homme de notre société cultivée reconnaît que notre salut est dans la doctrine chrétienne. Les uns, parmi les croyants qui admettent le caractère divin de la doctrine, pensent que le salut viendra lorsque tous croiront au Christ dont la deuxième venue sera proche ; d’autres, qui reconnaissent également la divinité de la doctrine du Christ, croient que le salut viendra de l’église, qu’elle soumettra tous les hommes, leur inculquera les vertus chrétiennes, et transformera leur vie ; les troisièmes, qui ne reconnaissent pas le Christ pour Dieu, croient que le salut aura lieu à la suite du progrès lent et graduel qui remplacera peu à peu les principes de la vie païenne, par l’égalité, la liberté, la fraternité, c’est-à-dire les principes chrétiens ; les quatrièmes, qui ont foi dans la