Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Pavlovsky.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.


— Mais vous parlez de l’amour physique… N’admettez-vous pas un amour fondé sur une conformité d’idéal, sur une affinité spirituelle ?

— Pourquoi pas ? Mais, dans ce cas, il n’est pas nécessaire de procréer ensemble. (Excusez ma brutalité.) C’est que cette conformité d’idéal ne se rencontre pas entre vieilles gens, mais entre de jeunes et jolies personnes ! dit-il, et il se mit à rire désagréablement. Oui, j’affirme que l’amour, l’amour véritable, ne consacre pas le mariage, comme nous sommes accoutumés à le croire, mais qu’au contraire il le ruine.

— Permettez, dit l’avocat, les faits contredisent vos paroles. Nous croyons que le mariage existe, que toute l’humanité ou, du moins, la plus grande partie, mène la vie conjugale, et que beaucoup d’époux finissent honnêtement une longue vie ensemble.

Le monsieur nerveux sourit méchamment :

— Et alors ? Vous dites que le mariage se fonde sur l’amour, et quand j’émets un