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tion faisait la moindre allusion, soit à la vie de campagne, soit à un bal, il s’élevait comme des feux follets qui nous papillotaient dans les yeux et nous éprouvions de l’embarras seulement à nous regarder ; nous semblions comprendre tous deux sur quel point l’abîme nous séparait et craindre de nous en approcher. J’étais persuadée qu’il était orgueilleux et emporté, et qu’il me fallait être très-circonspecte pour ne pas heurter ses faiblesses. Et lui il était convaincu que je ne pouvais vivre loin de la vie du monde, que celle de la campagne ne me convenait pas, et qu’il fallait se résigner à ce goût malheureux. Aussi évitions-nous, chacun de notre côté, tout entretien direct sur ces sujets, et nous jugions-nous l’un l’autre avec toute fausseté. Nous avions cessé depuis longtemps d’être respectivement, à nos propres yeux,