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le ruban de la Croix de Saint-André, et qui a sur la joue une énorme cicatrice allant de la bouche à l’oreille. C’était Orloff le Balafré.

C’était la première fois que je le voyais. Près de ma grand’mère sont ses levrettes. Michaud, ma favorite, bondit des genoux de grand’mère, s’élance sur moi et me lèche le visage. Nous nous approchons de grand’mère et baisons sa main blanche, potelée. La main se retourne, les doigts crochus me saisissent le visage et me caressent. Malgré les parfums, je sens l’odeur désagréable de grand’mère. Elle continue à regarder le Balafré et à causer avec lui.

— Quel gaillard ! dit-elle en me désignant. Vous ne l’aviez pas encore vu, comte ?

— Tous deux sont des gaillards, dit le comte, en nous baisant la main, à moi et à Constantin.

— Bon, bon, fit-elle à sa femme de chambre, Marie Stepanovna, une bonne personne, poudrée, qui me caressait toujours, et qui, maintenant, lui mettait sur la tête une coiffure.

Lanskoï s’approcha, lui tendit une tabatière ouverte. Grand’mère prisa, et, en souriant, regarda la bouffonne, Matriéna Denissovna, qui s’avançait.


(Le journal s’arrête ici.)