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Et les théologiens japonais et les maîtres religieux, qui — eux aussi — ne sont pas en retard pour la tromperie religieuse et le sacrilège, déforment la doctrine de Bouddha, et admettent, voire même justifient, le meurtre défendu par Bouddha.

Le savant bouddhiste Soyen Shakru, qui dirige huit cents couvents, explique que Bouddha a défendu le meurtre, mais a dit qu’il ne serait pas tranquille tant que tous les êtres ne seraient pas unis dans le cœur infini, aimant, et qu’ainsi, pour mettre tout dans l’ordre, il est nécessaire de faire la guerre et de tuer des hommes.

Et tout se passe comme si la doctrine chrétienne et la doctrine bouddhiste, sur l’unité de l’esprit humain, sur la fraternité des hommes, sur l’amour, sur la compassion, sur l’inviolabilité de la vie humaine, n’avaient jamais existé.

Des hommes éclairés de la lumière de la vérité, Japonais et Russes, pires que des bêtes sauvages, se jettent les uns sur les autres, avec le seul désir de détruire le plus de vies possible. Des milliers de malheureux gémissant déjà et se convulsent dans de cruelles souffrances et meurent dans les hôpitaux japonais et russes, en se demandant avec étonnement pourquoi on leur a fait cette terrible chose ? D’autres, par milliers,