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que, pareille lutte, au point de vue du succès possible, n’est que ridicule, et elle est pénible au point de vue du sort de ces malheureux hommes entraînés qui perdent leur vie dans cette lutte inégale.

Cette activité me semble déraisonnable, parce que, même dans l’hypothèse la plus improbable — le triomphe de ceux qui luttent actuellement contre le gouvernement, — la situation des hommes ne pourrait pas s’améliorer.

Le gouvernement actuel, qui agit par la force, est tel, seulement parce que la société qu’il domine est composée d’hommes moralement très faibles, dont les uns, guidés par l’ambition, le lucre et l’orgueil, sans être gênés par la conscience, tâchent, par tous les moyens, d’accaparer et de retenir le pouvoir, et les autres, par crainte et aussi par l’amour du gain et l’ambition, ou, grâce à l’étourdissement, aident les premiers ou se soumettent. Aussi, de quelque façon et sous quelque forme que se groupent ces hommes, il en résultera toujours un gouvernement pareil et aussi violent.

Je trouve cette activité irrégulière, parce que les hommes, qui actuellement, en Russie, luttent contre le gouvernement — les membres libéraux des Zemstvos, les médecins, les avocats, les écrivains, les étudiants, les révolu-