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Des hommes qui paraissent avoir la conscience tranquille, poussés par l’exigence du pouvoir deviennent policiers, percepteurs, soldats, et, par leur propre volonté, deviennent juges d’instruction, procureurs, soldats, généraux, ministres, rois, puis ayant, semble-t-il, la conscience tranquille — au moins une entière assurance extérieure — ils s’occupent de prendre à des hommes, leurs dernières vaches pour les impôts, qui seront employés au luxe, au meurtre ; ou ils emprisonnent des gens, les torturent, les tuent ; ou ils inventent et préparent des moyens de meurtre et, entourés de miséreux, ils possèdent des biens et des terres pris à ces miséreux, et, de plus, paraissent en être fiers.


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Les hommes, dits instruits, — ceux qui devraient montrer comment un être libre, raisonnable doit envisager la violence, — les savants, les libéraux, même les révolutionnaires, raisonnent, critiquent, prêchent la liberté, la dignité de l’homme, mais tout cela jusqu’au moment où on ne les siffle eux-mêmes pour les appeler sous le joug, et finis, alors, tous ces raisonnements libéraux, ces discours sur la liberté : on les revêt d’une livrée bigarrée, on