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souffrances sont de celles qui, comme dans chaque lutte, se rachètent par la possibilité du succès. Dans l’activité militaire, les souffrances et la mort sont encore plus probables, et, cependant, seuls des hommes peu moraux et égoïstes la choisissent.

Mais l’activité religieuse : 1o ne montre pas les résultats qu’elle atteint, 2o elle exige le renoncement au succès extérieur et non seulement ne donne pas de situation brillante, de la gloire, mais place les hommes dans la situation la plus infime, au sens social ; elle les soumet non seulement au mépris et au blâme, mais aux souffrances les plus cruelles et à la mort.

Ainsi, en notre temps de service militaire obligatoire, l’activité religieuse contraint chaque homme (appelé pour servir au meurtre) à supporter toutes les punitions que les gouvernements infligent pour refus de service militaire. C’est pourquoi l’activité religieuse est difficile ; mais, en revanche, elle seule donne à l’homme la conscience de la vraie liberté, l’assurance qu’on fait ce qu’on doit.

Cette activité est la seule vraiment fertile et, sauf le but suprême, elle atteint, en passant, et par les moyens les plus naturels et les plus simples, ces résultats auxquels les hommes publics aspirent par des moyens artificiels.

De sorte que le moyen de servir les hommes