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tice peuvent être réalisés, mais seulement en l’absence du pouvoir, celui-ci se détruira de lui-même.

À la seconde question : comment sera garanti, sans le pouvoir, le bien-être de la société ? Godwin et Proudhon répondaient que les hommes guidés par la conscience du bien général (Godwin) et par la justice (Proudhon) trouveraient nécessairement les formes de la vie les plus raisonnables, les plus justes et les plus avantageuses pour tous.

D’autres anarchistes, comme Bakounine et Kropotkine, reconnaissent aussi comme moyen de destruction du pouvoir, la conscience, chez les masses, du préjudice qu’il cause et de ses anomalies avec les progrès de l’humanité, mais ils croient cependant possible et même nécessaire la révolution, à quoi ils conseillent de préparer les hommes. À la seconde question ils répondent que dès que l’État et la propriété seront détruits, les hommes s’accommoderont naturellement aux conditions raisonnables, libres et avantageuses de la vie.

À la question des moyens de détruire le pouvoir, l’Allemand Max Stirner et l’écrivain américain Tucker répondent presque comme les précédents. Tous deux estiment que si l’on comprenait que l’intérêt personnel de chacun est un guide tout à fait suffisant et légal pour les