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Puis les hommes eurent pour idéal un arrangement de la vie durant lequel le pouvoir était admis non pour soi-même, mais pour établir l’ordre dans la vie des hommes, Des tentatives de réalisation de pareils idéals durèrent un certain temps : la monarchie universelle, ensuite l’Église universelle, unissant et guidant divers États. Ensuite parut l’idéal de la Représentation nationale, ensuite celui de la République avec le suffrage universel ou restreint. Aujourd’hui, l’on estime que cet idéal pourra être atteint quand l’organisation sera telle que les instruments de travail cesseront d’être la propriété privée et seront le bien de tout le peuple.

Quelque différence que présentent ces idéals, pour les réaliser dans la vie on supposait toujours le pouvoir, c’est-à-dire la force qui contraint les hommes à satisfaire aux lois établies. Aujourd’hui, on suppose la même chose. On suppose que la réalisation du bien le plus grand est atteinte par cela que les uns (selon la doctrine chinoise, les plus vertueux ; selon la doctrine européenne, les oints ou élus du peuple), recevant le pouvoir, établissent et soutiennent un ordre dans lequel tous se trouvent garantis le plus possible les uns vis-à-vis des autres contre ce qui attente au travail, à la liberté et à la vie de chacun. Non seulement des hommes