Page:Tolstoï - Conseils aux dirigés.djvu/262

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Deuxième lettre.


Vous me demandez ce qui peut donner à un homme faible, corrompu et dépravé, au milieu des séductions qui nous entourent, la force de vivre de la vie chrétienne ?

Avant de répondre à cette question, je demanderai quelle est son exacte signification ? Nous sommes tellement habitués à cette question, qu’elle nous semble toute naturelle et intelligible. Cependant, loin d’être naturelle et intelligible, elle est fort étrange et surprenante pour tout homme sensé qui n’a pas été élevé dans les superstitions de l’Église.

Pourquoi le forgeron qui forge le fer, ou le laboureur qui laboure le champ, ne se demande-t-il pas où il prendra l’énergie nécessaire pour faire sa besogne, dans la mesure de ses forces ? S’il se trompe, il cherche à réparer l’erreur ; s’il se fatigue, il s’arrête, se repose, puis se remet au travail.