Page:Tolstoï - Conseils aux dirigés.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nouvelle tête repoussait à la place de l’ancienne ? Les souverains ont depuis longtemps établi chez eux un mécanisme identique à celui des fusils à répétition : aussitôt qu’une balle est sortie, une autre la remplace instantanément. « Le roi est mort, vive le roi ! »

Alors, à quoi bon les tuer ?

Les gens à la vue courte peuvent seuls s’imaginer que ces régicides sont un moyen de salut contre l’oppression des peuples et contre les guerres qui détruisent tant de vies humaines.

Qu’on se souvienne que la même oppression, les mêmes guerres ont eu lieu de tous temps, sous n’importe quel chef de gouvernement : Nicolas ou Alexandre, Frédéric ou Guillaume, Napoléon ou Louis, Palmerston, Gladstone, Mac-Kinley ou autres, et l’on comprendra que ce n’est nullement tel ou tel gouvernant qui est spécialement cause des fléaux dont souffrent les peuples, mais que ces fléaux sont la conséquence d’une organisation sociale pesant tellement sur tous les membres de la société que tous su-