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AU CAUCASE

craint qu’il ne se jouât quelque mauvais tour, ou ne désertât dans la montagne, tant son malheur l’avait accablé. Il ne mangeait ni ne buvait ; il ne pouvait même plus travailler et il ne cessait de pleurer.

Trois jours après, il vint chez Mikhaïl Doroféïtch, et, tout pâle, il retira du revers de sa manche une pièce en or qu’il lui tendit :

— Par Dieu ! c’est mon dernier argent, Mikhaïl Doroféïtch, et encore l’ai-je emprunté à Jdanov, dit-il avec un sanglot. Je vous redois deux roubles, que je vous rendrai, ma parole, sitôt que je les aurai gagnés. Il (qui était cet il ? Vélentchouk ne le savait pas lui-même,) il m’a fait passer pour un coquin à vos yeux ; lui, cette âme puante et fourbe, — il a ravi le dernier bien d’un sol-