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que le cabinet qui le dit, — prononça Mortemart.

Eh ! mon cher vicomte, intervint Anna Pavlovna, l’Urope (on ne sait pourquoi elle prononçait I’Urope, comme une finesse particulière de la langue française qu’elle seule pouvait se permettre en causant avec un Français), — l’Urope ne sera jamais notre alliée sincère.

Après, Anna Pavlovna, afin d’introduire Boris dans la conversation, l’amena sur le courage et la fermeté du roi de Prusse.

Boris, en attendant son tour, écoutait attentivement celui qui causait. Mais en même temps, il réussissait à jeter parfois un regard à sa voisine, la belle Hélène qui, avec un sourire, avait plusieurs fois rencontré des yeux le regard du jeune et joli aide de camp.

Tout naturellement, puisqu’on causait de la situation de la Prusse, Anna Pavlovna demanda à Boris de raconter son voyage à Glogau et la situation où se trouvait l’armée de Prusse. Boris sans se hâter, en un français correct, raconta beaucoup de détails intéressants sur les troupes, sur la cour, en évitant soigneusement, au cours de son récit, d’exprimer une opinion personnelle sur les faits qu’il racontait. Pendant un moment, Boris, concentra l’intérêt général, et Anna Pavlovna vit que son régal était accepté avec plaisir par tous les hôtes. Hélène montra la plus vive attention au récit de Boris, Elle l’interrompit plusieurs fois à cer-