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— Disposition ! — s’écria Koutouzov d’un ton acerbe. — Qui vous a dit cela ? Veuillez faire ce que je vous ordonne.

— J’obéis.

Mon cher, le vieux est d’une humeur de chien, — chuchota Nesvitzkï au prince André.

Un général autrichien, un plumet vert au chapeau, en uniforme blanc, s’approcha de Koutouzov et lui demanda, au nom de l’Empereur, si la quatrième colonne était engagée dans l’action.

Koutouzov se détourna sans lui répondre, et son regard tomba par hasard sur le prince André qui se trouvait près de lui. En apercevant Bolkonskï, Koutouzov adoucit l’expression méchante et amère de son regard, il semblait vouloir exprimer que son aide de camp n’était pas coupable de ce qui se faisait. Sans répondre à l’aide de camp autrichien il s’adressa à Bolkonskï.

Allez voir, mon cher, si la troisième division a dépassé le village. Dites-lui de s’arrêter et d’attendre mes ordres.

Le prince André s’éloigna aussitôt ; il l’arrêta.

Et demandez-lui si les tirailleurs sont postés, — ajouta-t-il. — Ce qu’ils font ! ce qu’ils font ! — prononça-t-il en aparté, toujours sans répondre à l’Autrichien.

Le prince André s’élança pour exécuter l’ordre.

Ayant dépassé tout le bataillon qui marchait devant lui, il arrêta la 3e division et constata qu’en