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— Pa’bleu ! Quelle mit’aille ! — cria Denissov. — On a t’availlé b’avement ! le t’avail n’était pas commode. L’attaque c’est une belle chose, on f’appe en face ; mais ici, diable ! on tape par de’ière.

Et Denissov s’éloigna vers le groupe arrêté non loin de Rostov et qui se composait du colonel, de Nesvitzkï, de Jerkov et de l’officier de la suite.

« Cependant je crois que personne n’a remarqué… », pensa Rostov.

En effet, personne n’avait rien remarqué, car chacun connaissait ce sentiment éprouvé pour la première fois par le junker qui n’avait pas encore été au feu.

— Ce sera un bon rapport, — dit Jerkov. — Et peut-être serai-je promu sous-lieutenant.

— Annoncez au prince que c’est moi qui ai enflammé le pont — prononça le colonel d’un ton solennel et joyeux.

— Et si l’on m’interroge sur les pertes ?

— Bagatelle ! — fit à voix basse le colonel ; — deux hussards blessés et un tué net, — fit-il avec une joie visible, n’étant pas capable de retenir un sourire heureux en prononçant d’une voix claire le joli mot net.