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d’admettre que l’auteur ait voulu parler de la guérison physique d’un aveugle. S’il s’agit en effet d’une guérison physique, on ne peut nullement comprendre pourquoi Jésus, après l’avoir guéri, dit qu’il est la lumière du monde et qu’il faut marcher tant qu’on a la lumière. On ne peut également comprendre pourquoi l’aveugle dit de Jésus qu’il est un prophète, ni pourquoi les Pharisiens disent à l’aveugle : Rends gloire à Dieu, et : Tu es son disciple. De même on ne peut comprendre pourquoi Jésus rencontrant ensuite une femme aveugle lui dit : Tu as vu le Fils de Dieu et tu le vois. Et, principalement, tout à fait incompréhensibles et inutiles sont les paroles de Jésus dans les versets 39, 40, 41 du chapitre ix :

39. Et Jésus dit : Je suis venu dans le monde pour exercer ce jugement : que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles.

40. Et quelques-uns des Pharisiens qui étaient avec lui, entendirent cela, et lui dirent : Et nous, sommes-nous aussi des aveugles ?

41. Jésus leur dit : Si vous étiez aveugles, vous n’auriez point de péché, mais maintenant vous dites : Nous voyons. C’est à cause de cela que votre péché subsiste.

Si ce n’est qu’un miracle tel qu’il est raconté chez Marc, viii, 22, alors tout le côté doctrinal de ce passage tombe ; si c’est une prédication, alors seules tombent les paroles sur l’onction. J’ai choisi cette dernière interprétation, qui semble d’autant plus naturelle que dans tous ces chapitres il n’y a d’inu-