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elle, (je dis sans exception, en ce sens qu’il n’y eût pas un seul cas d’un élève n’ayant pas appris à lire et à écrire), outre ces résultats, dis-je, l’application des principes dont j’ai parlé a été cause que durant ces quinze années toutes les modifications qu’a éprouvées ma méthode d’enseignement, non seulement ne l’ont pas éloignée du peuple mais l’en ont rapprochée de plus en plus. Le peuple, au moins chez nous, connaît la méthode elle-même, la juge et la préfère à celle des églises, ce que je ne puis pas dire de la méthode phonétique. Dans les écoles où ma méthode est en usage, le maître ne peut rester scientifiquement stationnaire, tandis que c’est possible dans les écoles où l’on emploie la méthode phonétique. D’après la nouvelle méthode allemande, si le maître désire avancer et se perfectionner il doit suivre la littérature pédagogique, c’est-à-dire lire toutes les nouvelles inventées à propos des causeries sur les zizels, les déplacements de cubes, etc. Je ne pense pas que cela avance son instruction personnelle. Au contraire, dans mon école, comme l’enseignement de la langue et de l’arithmétique exige des connaissances positives, chaque maître en faisant avancer ses élèves sent le besoin d’apprendre lui-même. Ce fait s’est répété avec tous les maîtres qui furent chez moi.

En outre, la méthode d’enseignement elle-même n’étant pas moulée une fois pour toutes, mais tendant à se rapprocher des méthodes les plus faciles