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vide, avant de descendre il émet, de la bouche, un fil qu’il colle au bord, puis descend, s’arrête un moment, suspendu, reconnaît ce qui l’environne et, s’il veut, se laisse glisser ou, s’il le préfère, remonte au moyen de son fil.

Pendant toute la journée, les vers ne cessèrent de manger. À chaque instant, il fallait remettre de plus en plus de feuilles. Quand on leur en apportait de fraîches et qu’ils avaient rampé sur elles, on entendait alors un bruit semblable à celui de la pluie sur la ramée : c’étaient les vers qui attaquaient les feuilles fraîches.

Les vers éclos les premiers vécurent ainsi cinq jours. Ils avaient déjà sensiblement grandi et mangeaient dix fois plus qu’auparavant. Je savais que le cinquième jour ils devaient s’endormir et j’attendais. En effet, vers le soir du cinquième jour, l’un d’eux s’aplatit contre le papier, et resta sans manger ni bouger.

Le lendemain, je l’examinai attentivement. Je savais que les vers muent plusieurs fois ; à mesure qu’ils grandissent, se sentant à l’étroit dans leur peau, ils en prennent une nouvelle.

Un de mes camarades et moi observions tour à tour.

Le soir il me cria :

— Il commence à se déshabiller, venez vite !

J’accourus et vis, en effet, le ver qui, accroché au papier par sa vieille peau, s’était fait une déchi-