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tortille comme sur les maisons dessinées par les gosses… J’attends qu’une voix me dise :

        Tire la chevillette
        Et la bobinette cherra.

Mais la vieille aimable dame m’a reconnue. Elle paraît, sans coiffe, sans lunettes, sans fuseau, n’ayant d’une bonne fée que le regard toujours pur et le cœur toujours bienfaisant. Et tout de suite elle m’embrasse, elle m’emmène. Nous nous asseyons sous le noyer centenaire, crevassé, qui porte un emplâtre de ciment, et je demande à ma vénérable amie :

— Comment va votre jardin ?

Ses yeux bleus s’avivent, son accent devient attendri lorsqu’elle raconte que les cosses des pois nouveaux se sont enfin gonflées et que les tendres artichauts donnent les plus belles espérances. Et elle ajoute, fièrement :

— J’y étais à cinq heures, dans mon jardin ! J’ai désherbé tout un carré et biné plusieurs rangs de pommes de terre…

— Toute seule ?