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Une spectatrice de la vie — je suis, je ne veux être que cela. Tout m’intéresse passionnément. Cependant l’absence de partenaire m’oblige à la méditation silencieuse quand je souhaiterais la causerie, la discussion vivante… Mes enfants sont trop jeunes. À qui me confier ? Je crains d’importuner mes amis qui, presque toujours, me parlent d’eux-mêmes.

C’est pourquoi je commence ce petit cahier où je me suis peinte, sur la première page, avec toute la sincérité qu’une femme peut avoir en traçant son image. Ce n’est pas un journal sentimental que je veux tenir. Je n’ai pas, non plus, la prétention de faire de la littérature. Fixer les reflets de la vie qui passe au miroir de ma pensée de femme, collectionner des impressions, des opinions, des images, n’est-ce pas un remède excellent à l’ennui, une diversion au chagrin, une façon détournée de faire, à propos de tout, un utile examen de conscience ?