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même, mais le mauvais temps est venu. Le mauvais temps m’a rendu malade. Je suis si faible que je me décide à partir pour Paris dans l’espoir que le mouvement de la route me sera salutaire. « À ta jeune femme, à ton vieux père, à toi, mon cher Bertrand, mes bonnes amitiés. »

Ce qu’il envoyait à Bertrand, c’était un de ces jolis petits bonnets à la mode bretonne, un de ces petits bonnets à trois quartiers, en drap couvert de soies de toutes couleurs et de paillettes dorées, un petit bonnet de baptême pour le premier enfant de son ami. J’ai tenu dans ma main cette relique de famille, qui fut un talisman sans doute à celui qui naquit pour en être coiffé. Le petit bonnet d’alors est devenu sur sa tête un képi d’officier, et les paillettes sont aujourd’hui des galons.

Dans les premiers jours d’avril 1858, Brizeux courait au devant du soleil, à Montpellier ; c’est la mort qui l’attendait là-bas. Telle fut la vie de Brizeux à Seaër et cette vie, qui fut un repos et une guérison pour son âme, lui fut aussi une source d’inspiration. Il l’a dit :

Nul mondain ne m’a vu dans son salon doré ;
Ils me connaissent mieux, les pâtres de Cornouaille.
À leurs pauvres foyers souvent mon cœur tressaille,